Mgr Oscar Cantoni, évêque de Côme | © DR
Vatican

Immeuble de Londres : le cardinal Cantoni sera entendu comme témoin

Après le cardinal Angelo Becciu, assis sur le banc des accusés, un autre cardinal, Oscar Cantoni, va participer au procès de l’affaire dite ›de l’immeuble de Londres’ en tant que témoin, a annoncé le tribunal lors de la 33e audience du procès le 27 octobre 2022. L’évêque de Côme, créé cardinal par le pape François en août dernier, sera entendu le 1er décembre à propos de l’accusation de subornation de témoin qui vise le cardinal Becciu. 

Le cardinal Becciu est accusé d’avoir fait pression sur Mgr Alberto Perlasca, ex-chef du bureau administratif à la secrétairerie d’État et témoin clé du procès, pour qu’il revienne sur ses déclarations qui le mettaient en cause, en usant de l’autorité qu’avait sur lui Mgr Cantoni, évêque de son diocèse d’origine. L’accusation s’appuie sur le témoignage de Mgr Perlasca lui-même. Interrogé par les enquêteurs, l’évêque italien avait confirmé les circonstances rapportées par Mgr Perlasca. 

Ce n’est pas le premier procès auquel le désormais cardinal Oscar Cantoni participe en tant que témoin. En effet, l’évêque de Côme avait été entendu le 25 février 2021 dans le cadre d’un procès sur les abus commis au sein du petit séminaire du Vatican, une institution dépendant du diocèse de Côme. Il avait alors pris la défense d’un autre prêtre de son diocèse, le Père Gabriele Martinelli, accusé d’avoir commis des abus sur un de ses camarades quand il était mineur. 

Quatre témoins entendus

Au cours de cette courte audience, quatre témoins ont été entendus, à qui les avocats ont posé très peu de questions, tenant visiblement compte de la mise en garde adressée par le juge Giuseppe Pignatone lors de l’audience précédente.

Le premier témoin, Fulvio Cesaretti, employé de la secrétairerie d’État, a expliqué comment les médailles pontificales en bronze et en argent étaient conservées dans un entrepôt situé dans le bureau administratif de la secrétairerie d’État, quand celles en or se trouvaient dans le bureau de Mgr Perlasca – qui était toujours fermé à clé s’il n’était pas présent.

A aussi été entendu le consultant financier Michele Mifsud qui avait réussi à obtenir un contrat de consultant avec une entreprise grâce à un rôle d’intermédiaire joué par l’ex-comptable de la secrétairerie d’État, Fabrizio Tirabassi, assis lui aussi sur le banc des accusés.

Fabrizio Giachetta, employé lui aussi de la secrétairerie d’État et chargé principalement de la comptabilité, a également été entendu. Il a expliqué que la secrétairerie d’État n’avait pas d’argent propre, mais gérait plusieurs fonds. Sans préciser de date, il a aussi assuré que le fonds Obolus, qui administre l’argent du Denier de Saint-Pierre, avait déjà été utilisé pour couvrir des pertes budgétaires.

En cas de pertes, a-t-il raconté, une note était adressée au pape qui autorisait l’utilisation du fonds du Denier. Il a souligné que c’était le seul fonds dont le pape pouvait disposer librement, les autres étant constitutivement assignés à une mission précise.

Comme l’a remarqué la vaticaniste Franca Giansoldati, pour le site Il Gazzettino, Fabrizio Giachetta a aussi reconnu que le Denier de Saint-Pierre avait été utilisé dans le passé pour financer un avocat américain, Jeffrey Lena. Celui-ci a représenté le Saint-Siège dans des grands procès concernant des cas de pédophilie commis par des prêtres et évêques aux États-Unis en l’an 2000. L’employé a jugé crédible que le Vatican se soit acquitté d’une facture d’un million et demi d’euros avec ce fonds, pourtant voué aux œuvres de charité du pontife, mais souligne que cela n’a pas pu être fait sans l’accord de ce dernier.

Enfin a témoigné Carlo Bravi, ancien directeur-adjoint de l’ENASARCO, une institution italienne gérant un fonds de pension pour les représentants commerciaux. Dans le passé l’institution avait confié certains fonds à Raffaele Mincione – accusé dans le procès. Il a déclaré que son ancienne entreprise avait souhaité rompre avec le banquier italo-britannique après un audit effectué en 2012 sur sa gestion de leur fonds, notamment concernant le fonds d’investissement Athena qui servit ensuite à acheter l’immeuble de Londres en 2014. (cath.ch/imedia/cd/mp)

Mgr Oscar Cantoni, évêque de Côme | © DR
28 octobre 2022 | 10:06
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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