Syrie: Les chrétiens abandonnent Homs et craignent pour leur avenir en Syrie
Ils ont peur de subir le sort des chrétiens d’Irak
Homs, 3 février 2012 (Apic) Théâtre de combats violents depuis plusieurs jours, la ville de Homs, au centre-ouest de la Syrie, se vide de sa communauté chrétienne. Selon l’Œuvre d’Orient, une association placée sous la protection de l’archevêque de Paris et qui vient en aide aux chrétiens de la région du Moyen-Orient, «les 30% de chrétiens de la ville ont dû se résoudre à partir».
«C’est en larmes qu’ils abandonnent aujourd’hui leur maison pour chercher la sécurité. Quelques familles musulmanes ont également quitté la ville. Impuissants et terrés chez eux depuis plusieurs jours, les habitants du quartier de Boustane al Diwane, chrétiens et musulmans, ont vu leurs maisons endommagées, saccagées ou détruites», écrit l’Œuvre d’Orient sur son site internet www.oeuvre-orient.fr.
Selon cette institution qui soutient l’action des évêques et des prêtres d’une douzaine d’Eglises orientales catholiques et de plus de 60 congrégations religieuses dans les domaines de l’éducation, des soins, de l’aide sociale et de l’action pastorale, les chrétiens de Syrie vivent dans la peur. Les combats qui opposent l’armée et les forces de sécurité officielles aux insurgés armés causent des dégâts considérables, n’épargnant pas les lieux de culte.
Des églises et écoles endommagées
«L’église grecque-melkite Notre-Dame de la Paix a été touchée et ses vitraux ont été cassés. Dans le même quartier, les écoles grecque orthodoxe et de Raidd Kouzham ont été endommagées», écrit l’Œuvre d’Orient. Ces derniers jours, les affrontements ont fait plusieurs morts parmi les civils et les militaires et de nombreux dégâts dans le quartier de Boustane al Diwane.
Les quelque deux millions de chrétiens syriens (8% à 10% de la population) sont partagés entre le désir que le régime autoritaire de Bachar el-Assad s’ouvre et se démocratise, et la peur de partager le sort de la communauté chrétienne d’Irak, décimée depuis l’invasion américaine de 2003 et la chute de Saddam Hussein. Depuis plus de 40 ans, les chrétiens syriens sont protégés par le pouvoir dominé par la communauté alaouite, précise Joseph Maïla, expert en relations internationales et spécialiste du Moyen-Orient.
Actuel directeur de la Direction de la prospective, rattaché au Ministère français des Affaires étrangères et européennes, il déclarait l’été dernier dans une interview à l’hebdomadaire catholique français «Pèlerin» que les chrétiens avaient peur que le départ de Bachar el-Assad leur fasse perdre la stabilité dont ils jouissent. «Plus que les autres communautés, ils se posent la question de leur avenir, en cas d’un changement de régime». (apic/com/be)