Île Maurice: Interdiction d'importer des images offensant la religion et la morale
Le gouvernement de l’Île Maurice, dans l’Océan indien, interdit désormais l’entrée sur le territoire national de toute caricature et image qui pourraient porter atteinte à une religion. Cette mesure vise à préserver la paix intercommunautaire, mais certains dénoncent une atteinte à la liberté d’expression.
Le 18 juillet 2019 lors de sa réunion hebdomadaire, le Conseil des ministres de la République de Maurice a décidé de modifier le Règlement sur la protection des consommateurs (contrôle des importations) de 2017. Il y a ajouté une nouvelle clause à la liste des marchandises interdites, a rapporté le communiqué du Conseil. Le nouvel article a la teneur suivante: «Toutes les marchandises, y compris toute peinture, image ou dessin [imprimés] sur ces biens qui offense toute religion, ou les bonnes mœurs ou la moralité publique et religieuse» sont interdites à l’importation.
Pas d’explication officielle
Le gouvernement n’a pas donné d’explication officielle à cette décision que certains ont considérée comme une mesure visant à préserver la paix et la cohésion religieuse. Il s’agit de combattre toute provocation envers une religion, quelle qu’elle soit. Depuis 2006, le monde est secoué par des violences provoquées par des caricatures religieuses, notamment les caricatures du prophète Mahomet qui ont suscité des troubles sanglants dans diverses parties du monde.
La publication en Occident de vidéos, textes ou de dessins considérés comme blasphématoires contre le prophète Mahomet provoque en effet régulièrement des protestations, parfois violentes.
Dans le sillage des émeutes anti-chrétiennes
Le 7 janvier 2015, onze personnes, dont huit membres de la rédaction, sont mortes lors de l’attaque de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo par les frères Kouachi. Dans le sillage des émeutes – souvent manipulées par des milieux islamistes extrémistes – des chrétiens ont été violemment attaqués au Niger, au Nigeria, au Pakistan et dans d’autres pays musulmans. Ainsi au Niger, 45 églises avaient été incendiées.
Atteinte à la liberté d’expression ?
Dans un article sur la décision du gouvernement mauricien, le journal mauricien en ligne www.zinfos-moris.com qualifie la décision des autorités «d’atteinte à la liberté de penser et d’expression», de «violation simple et claire de la liberté de conscience des citoyens».
Avec une population de 1,2 million d’habitants, l’Île Maurice est un pays multi-religieux. Selon le site de promotion du pays, en raison de la mixité de la population, il y a une grande variété religieuse, avec quatre grandes confessions: l’hindouisme (48,5 %), le christianisme (32,7 %), l’islam (17,3 %), ainsi que le bouddhisme et le taoïsme (1%).
Un Conseil des religions
Toutes ces religions sont regroupées au sein du Conseil des religions, créé en 2001 suite à un appel des Nations Unies demandant que dans chaque pays, les leaders religieux travaillent ensemble pour promouvoir la paix.
Ce Conseil se compose de 11 membres exécutifs, représentant les grandes religions présentes à Maurice, hindouisme, islam ainsi que les diverses confessions chrétiennes: catholicisme romain, anglicanisme, presbytérianisme. La famille Bahaï est aussi représentée et a beaucoup contribué à sa mise en place, selon site de l’archidiocèse de Port-Louis, la capitale. Le Conseil a aussi mis en place une faculté de dialogue interreligieux à l’Université de Maurice. (cath.ch/ibc/be)