Hans Küng, penseur brillant, catholique évangélique et citoyen engagé
Les réactions de tous bords se multiplient, en Suisse et à l’étranger, à l’annonce du décès du théologien Hans Küng, le 6 avril 2021. Il reste «un exemple durable d’érudit, de penseur brillant à l’esprit vif, qui était à la fois un observateur politique attentif et un concitoyen engagé», écrit le président allemand Frank-Walter Steinmeier.
«Nous avons perdu une personne qui, pendant des décennies, a renforcé la réputation de notre pays dans le monde entier en tant que lieu de théologie et de recherche universitaire. Non seulement votre frère a représenté son sujet, la théologie catholique et œcuménique, d’une manière compréhensible pour de nombreuses personnes, mais il a également toujours accompagné la vie politique et intellectuelle de manière critique et constructive, de manière engagée.» a relevé le président de la République fédérale d’Allemagne Frank-Walter Steinmeier dans un message de condoléances à Rita Frei-Küng.
Avec la Global Ethic Foundation, qu’il a fondée en 1995, il a œuvré pour la paix et la compréhension entre les religions. «Pas de paix mondiale sans paix religieuse», souligne en outre Frank-Walter Steinmeier.
Un chercheur reconnu et controversé
«Avec le décès du professeur Hans Küng, la science théologique perd un chercheur reconnu et controversé. Dans son travail de prêtre et de scientifique, Hans Küng s’est attaché à rendre compréhensible le message de l’Évangile et à lui donner une place dans la vie des fidèles», relève Mgr Georg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande. «Hans Küng n’a jamais manqué de défendre ses convictions. Même s’il y a eu des tensions et des conflits à cet égard, je le remercie expressément en cette heure d’adieu pour ses nombreuses années d’engagement en tant que théologien catholique dans la communication de l’Évangile».
Rita Famos pleure la mort du «catholique évangélique»
Vie éternelle?, Être chrétien, Dieu existe-t-il?: jeune étudiante, je dévorais Hans Küng, car il avait la capacité de rendre accessibles à un large public des sujets théologiques qui préoccupaient les gens, témoigne Rita Famos, présidente de l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS).
«Plus tard, j’ai été fasciné par l’œcuméniste: le ‘catholique évangélique’, comme il se qualifiait lui-même, donnait également le ton au dialogue œcuménique. ‘Le véritable christianisme d’aujourd’hui est un christianisme œcuménique’, écrit-il dans Etre chrétien. Nous manquons de telles voix claires aujourd’hui. Jusqu’au bout, il a relevé les défis théologiques», conclut la pasteure.
L’un des nôtres est mort
La paroisse de Saint-Georges à Sursee (LU) a honoré la mémoire de Hans Küng par une sonnerie de cloches de cinq minutes, le 7 avril 2021 à 10h. Jusqu’à la fin, Hans Küng a maintenu le contact avec sa patrie, témoigne le responsable de la paroisse Claudio Tomassini.
Durant toute sa vie, Hans Küng a conservé l’amour et le respect de la démocratie suisse. Il participait aux votations en tant que Suisse de l’étranger. Il aimait venir à Sursee en vacances. C’est ici qu’il a été baptisé, confirmé, et qu’il a célébré sa première messe. Hans Küng avait une maison au bord du lac. «C’était très important pour lui», assure Claudio Tomassini. «Le lac de Sempach n’est pas exactement la mer de Galilée. Mais pour Hans Küng, c’était un lieu de force. Il y nageait tous les jours, profitait du paysage et esquissait des idées pour ses prochains livres.»
Claudio Tomassini garde aussi un souvenir personnel de Hans Küng. Lorsqu’il est arrivé dans la paroisse, il y a sept ans, il a reçu un téléphone de Hans Küng lui disant qu’il aurait plaisir à le rencontrer. Lors de la conversation, il a demandé à Hans Küng ce qui lui tenait à cœur: «Ecoute Jésus. Ce que Jésus dit dans l’Evangile, telle est notre mission», lui a répondu le théologien.
Une nouvelle apologétique
C’est son «éthique planétaire» que je mettrai d’abord en évidence, chez le théologien lucernois, relève l’Abbé François-Xavier Amherdt, professeur de théologie pastorale à l’Université de Fribourg. Comme préfigurant les accents du pape François, il n’a cessé de prôner une «mondialisation de la solidarité et de la fraternité, dans le respect du cosmos», afin de répondre à la domination de l’hémisphère nord sur le sud et aux déséquilibres structurels que celle-ci entraînait.
«Puis, c’est son essai d’une vulgarisation intelligente, adaptée au monde post-moderne, que je relèverai, au-delà des questions polémiques qu’il a pu soulever, jusque dans sa fin de vie. Une sorte de ‘nouvelle apologétique’ afin de rendre compte de la foi chrétienne dans un univers marqué par l’indifférence». (cath.ch/kath.ch/mp)