Haïti: un couvent de religieuses incendié par des groupes armés
Dans la soirée du 26 octobre 2024, des groupes armés sous le commandement de Jimmy Chérizier, ont pénétré dans la maison des Sœurs Missionnaires de la Charité, à Port-au-prince, en Haïti, et ont saccagé le couvent et le dispensaire avant d’y mettre le feu. La situation humanitaire s’est encore dégradée ces derniers mois dans le pays où les violences sont quotidiennes.
Les vandales sont entrés dans la maison des sœurs, ils ont cassé une partie des murs et complétement vidé le couvent et l’hôpital. Bancs, lits, matériel médical… tout a été emporté et certains objets sont déjà en vente sur un marché noir de Port-au-Prince, précise Vatican News. Aucune sœur n’a été blessée. Fin septembre, la police avait demandé aux religieuses de quitter le quartier de Bas Delmas et de fermer leur maison, les combats avec les gangs devenant dangereux pour la vie des sœurs.
Les sœurs étaient installées dans cette maison depuis 1979, date à laquelle mère Teresa avait ouvert le centre, rapporte l’agence Fides. Les sœurs servaient la population du quartier depuis 47 ans, recevant environ 1500 malades par an en hospitalisation gratuite et près de 30’000 malades en clinique externe gratuite. C’est la première fois que les missionnaires de la Charité sont attaquées directement dans le pays. Jusqu’ici, même les gangs respectaient leur mission indispensable à la population.
Toute la zone de Bas Delmas, à Port-au-Prince, est considérée comme le «fief» de Jimmy Chérizier, alias «Barbecue», un ancien policier à la tête de bandes criminelles qui ravagent l’île. Accusé d’avoir perpétré l’un des pires massacres dans les bidonvilles de Port-au-Prince, il est actuellement l’homme le plus puissant et le plus redouté d’Haïti. Il a rejeté le plan américain visant à mettre fin au chaos qui règne dans le pays et affirme vouloir débarrasser son pays «des politiciens traditionnels et des oligarques corrompus».
Situation humanitaire critique
La situation sécuritaire reste critique en Haïti, malgré la mise sur pied et l’arrivée de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) menée par le Kenya. Les routes nationales sont toujours occupées par les gangs armés, qui contrôlent la plus grande partie de la capitale.
Haïti, déjà le pays le plus pauvre de la région, pâtit depuis longtemps des violences des bandes criminelles qui ont redoublé ces derniers mois et encore aggravé une crise humanitaire quasi permanente. Ces gangs sont accusés de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon.
Plus de 700’000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, sont désormais déplacées en Haïti en raison des violences des gangs. Depuis juin, ce chiffre a augmenté de près d’un quart, a affirmé le 2 octobre dernier l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Genève. (cath.ch/fides/vatnews/bh)