L'Abbé Guy Oberson dans la ferme familiale de Bouleyres du Milieu  | © Maurice Page
Dossier

Guy Oberson: «Le Concile a changé l’Eglise et son rapport au monde»

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«J’ai été ordonné prêtre en 1964 et le Concile s’est clôturé le 8 décembre 1965», raconte l’abbé Guy Oberson. C’est dire si Vatican II a marqué sa vie de séminariste et de prêtre.

Par Maurice Page

«Le Concile a été comme une explosion, un renouveau qui a changé notre vision de l’Eglise, explique l’abbé Oberson, aujourd’hui âgé de 86 ans. Je reviens toujours à la notion d’Eglise peuple de Dieu, avant les cardinaux les évêques ou les dignitaires, c’est un peuple en chemin. A certains moments on avance, on marche bien. Dans d’autres on a l’impression de ne plus savoir comment avancer. Il faut alors prendre le temps de mûrir. Dieu aime la maturation lente. Il n’aime pas ce qui est trop explosif.»

Pour lui, l’Eglise a fait un pas en avant quand le Concile a pris forme et que les premiers textes ont été publiés sur le message de l’Eglise au monde. «Je me souviens surtout de l’enthousiasme que cela avait fait naître dans nos vies de séminaristes et de jeunes prêtres.»

La messe en français

«A peine arrivé dans la paroisse de Bulle pour mon premier poste de vicaire, le curé m’a chargé de deux prédications sur le renouveau de la liturgie. Lui ne voulait pas le faire, car il ne recevait pas encore la réforme. Il y avait des résistances. A Bulle, la maîtrise avait un rôle important sous la direction du musicien André Corboz. Nous nous entendions très bien, malgré nos divergences quant à la réforme de la liturgie. A l’église, il ne jurait que par le plain chant. «Il faut élever l’âme des fidèles par la beauté et la simplicité du plain chant», défendait-il. Comme j’avais gagné un prix de plain-chant au collège St-Michel, j’étais assez à l’aise pour lui répondre: «la beauté c’est très bien, mais si les gens ne comprennent pas ce qu’ils disent, chantent ou entendent, cela n’est pas possible.»

L’église de Saint-Pierre-aux-Liens de Bulle, où l’abbé Guy Oberson a commencé son ministère en 1965 | paroisse Bulle-La Tour

«Pendant deux  ans. Je suis allé à toutes les répétitions de la chorale pour faire un bref exposé explicatif sur la liturgie. J’étais très heureux lorsque je constatais qu’il avait appliqué l’un de mes conseils. Il me semblait indispensable que les chants soient dans une langue que le peuple comprenne. La beauté de la musique n’est pas rien, mais il manquait la compréhension du texte.»

L’Eglise dans le monde de ce temps

Devenu ensuite pendant plus de trente ans aumônier de l’action catholique, l’abbé Oberson se réfère surtout à la constitution Gaudium et spes et en particulier à son chapitre IV. «le rôle de l’Eglise dans le monde de ce temps». «Nous le lisions et le commentions dans les réunions des groupes d’action catholique.»

L’abbé se lève de sa chaise et disparaît pour revenir quelque secondes plus tard avec le recueil des textes du Concile dans les mains. Les pages sont jaunies, marquées au crayon ou au stabilo. «Ces textes sont prophétiques, donc ils restent tout à fait actuels: ‘ls se trompent ceux qui croient pouvoir se livrer entièrement à des activités terrestres en agissant comme si elles étaient tout à fait étrangères à leur vie religieuse – celle-ci se limitant alors pour eux à l’exercice du culte et à quelques obligations morales déterminées. Ce divorce entre la foi dont ils se réclament et le comportement quotidien d’un grand nombre est à compter parmi les plus graves erreurs de notre temps. Ce scandale, déjà dans l’Ancien Testament les prophètes le dénonçaient avec véhémence et, dans le Nouveau Testament avec plus de force, Jésus Christ lui-même le menaçait de graves châtiments.’ (43) C’est fort non ?»

L’ abbé Oberson poursuit la lecture à la page suivante, à propos de l’engagement des laïcs: «Qu’ils attendent des prêtres lumières et forces spirituelles. Qu’ils ne pensent pas pour autant que leurs pasteurs aient une compétence telle qu’ils puissent leur fournir une solution concrète et immédiate à tout problème, même grave, qui se présente à eux, ou que telle soit leur mission. Mais plutôt, éclairés par la sagesse chrétienne, prêtant fidèlement attention à l’enseignement du Magistère, qu’ils prennent eux-mêmes leurs responsabilités.(45)» (cath.ch/mp)

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