Grands Lacs, les évêques demandent la paix d’une même voix
«Quand on parle de la violence de l’insécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), au Rwanda et au Burundi, on parle de 5 à 12 millions de morts», a affirmé Mgr José Moko, évêque d’Idiofa en RDC. Les prélats de ces trois États ont dit espérer, ensemble, que toutes ces divisions soient bientôt surmontées, pour construire des liens de paix entre leurs peuples.
Les évêques du Rwanda, du Burundi et de la République démocratique du Congo, qui composent l’Association des Conférences épiscopales d’Afrique Centrale (ACEAC), se sont réunis plusieurs jours durant à Goma, dans l’est de la RDC, pour parler de la crise humanitaire et des conflits dans la région. La rencontre s’est clôturée le 28 janvier par une messe pour la paix.
Durant son homélie, rapporte l’agence Fides, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa et président de l’ACEAC, a critiqué les dirigeants congolais, rwandais et burundais. Il les a accusés d’inciter les populations «à la division et au conflit». Certains d’entre eux «ont intérêt à ce que cela continue» pour «poursuivre leurs intérêts égoïstes».
Frontière fermée entre le Burundi et le Rwanda
Trois jours auparavant, les évêques des Grands Lacs s’étaient déjà dit attristés par la décision du 11 janvier 2024 du Burundi de fermer sa frontière terrestre avec le Rwanda. Le gouvernement de Gitega accuse en effet Kigali de soutenir la rébellion burundaise RED-Tabara. Mais ce sont «les personnes vulnérables», celles qui vivent le long de la frontière, qui vont le plus souffrir de sa clôture, ont souligné les évêques. Leur déclaration a été lue au cours d’une autre messe pour la paix célébrée à la cathédrale de Ruhengeri, au Rwanda.
Le Rwanda est depuis longtemps accusé par les autorités congolaises de fomenter des guérillas sur son territoire, en particulier le mouvement M23. C’est au tour du Burundi de l’accuser de faire de même avec le RED-Tabara, un groupe rebelle basé au Sud-Kivu, dans l’est de la RDC, qui combat le gouvernement burundais depuis 2015.
Les combattants du RED-Tabara «sont nourris, protégés, hébergés et entretenus en termes de logistique et de moyens financiers par le Rwanda», a accusé Evariste Ndayishimiye, président du Burundi, le 29 décembre passé. Il a ajouté que le son pays négocie en vain depuis deux ans avec le Rwanda pour obtenir l’extradition des rebelles. Le gouvernement rwandais, pour sa part, a rejeté cette accusation et a déclaré que sa frontière avec le Burundi reste encore ouverte de son côté.
Aux journalistes congolais qui accusent le Rwanda de fomenter la guerre dans l’est de leur pays, Mgr Moko, évêque d’Idiofa a répondu: «Je crois que nous aspirons tous à la paix, qu’il n’y a pas un seul évêque catholique au Rwanda, au Burundi ou en République démocratique du Congo qui pourrait se réjouir de ce qui se passe en RDC.» (cath.ch/fides/lb)