Le clergé anglican divisé

Grande-Bretagne: Le remariage des divorcés bientôt autorisé dans l’Eglise d’Angleterre

Londres, 26 janvier 2000 (APIC) Le remariage des divorcés devrait être autorisé à certaines conditions dans l’Eglise d’Angleterre. Un groupe de travail de l’Eglise anglicane propose en effet de modifier la règle interdisant tout mariage religieux pour les divorcés dont les anciens conjoints sont encore en vie. Mais cette ouverture, qui, tout en insistant sur le principe de l’indissolubilité du mariage tient compte du nombre croissant des divorces en Grande-Bretagne, est loin de faire l’unanimité au sein du clergé anglican.

La proposition, qui n’est pas encore la position officielle de l’Eglise anglicane mais un document de discussion qui doit être débattu au niveau des diocèses avant d’arriver au Synode général, a déjà suscité de vives réactions parmi les membres du clergé opposés à la réforme. La discussion sur ce thème controversé dure depuis plus de 20 ans dans l’Eglise anglicane. Bien qu’un certain nombre de prêtres se soient déjà déclarés d’accord de marier des gens divorcés, le document consultatif est un signe que la position officielle jusqu’ici très ferme de l’Eglise va évoluer.

Malgré la position traditionnelle sur l’indissolubilité du mariage, les mentalités évoluent. Une tendance de l’Eglise, emmenée par l’évêque de Winchester Michael Scott-Joynt recommande que dans certaines circonstances, des anglicans divorcés soient autorisés à se remarier à l’Eglise. Les adversaires de cette position libérale y voient une attaque contre l’institution du mariage.

Non à la «culture du divorce»

Ainsi, le Révérend David Holloway a déclaré à la BBC que cela va encourager en Grande-Bretagne la «culture du divorce» qui mine la société. «L’enjeu fondamental est bel et bien de savoir si nous allons institutionnaliser les modèles séculiers et non chrétiens du divorce et du remariage ou bien les enseignements de Jésus». Si Jésus était la personne qui pardonnait le plus et qui faisait montre de la plus grande compassion, «il était le plus strict quand on en venait à la question du remariage et du divorce.»

Mais pour l’évêque de Winchester- qui préside le groupe de travail – , si ces propositions sont acceptées, l’Eglise ne va pas tout simplement remarier quelqu’un qui s’est divorcé sans en examiner les circonstances. Pas question donc d’un «remariage à la demande» ni de récompenser l’infidélité ou l’adultère. Mgr Michael Scott-Joynt estime que dans de nombreuses situations, il y a de graves raisons pastorales qui font que l’Eglise locale désire aider les gens à prendre un nouveau départ. Et d’ajouter en contrepartie que certaines personnes, en demandant à l’Eglise de les aider à faire un second mariage, lui demandent en fait d’approuver un comportement qu’elle ne peut pas approuver.

Le remariage, déjà une réalité au niveau de nombreuses paroisses

Même si ce document de travail était adopté par l’organe suprême de l’Eglise, le Synode général, lors de son assemblée de 2002, ce sera aux évêques eux-mêmes dans leur diocèse de prendre la décision finale. En réalité, au niveau des diocèses, il y a déjà des prêtres qui remarient des gens divorcés. Parmi eux, le Révérend Kenneth Bowler souligne qu’en remariant des divorcés, il n’a aucune intention de miner l’institution du mariage. Il vérifie dans chaque cas que les personnes qu’il remarie ne sont pas responsables de la rupture du mariage.

Mgr Mark Santer, évêque de Birmingham, a salué le rapport et l’a qualifié de «pastoralement réaliste». Et de souligner que ce rapport ne fait que codifier ce qui est déjà devenu la pratique de nombreuses paroisses. L’ironie historique vient justement du fait que l’Eglise d’Angleterre doit sa propre existence au désir d’Henri VIII de divorcer de sa première femme.

Le cas de Charles, prince de Galles lui-même divorcé de Diana, n’est pas mentionné dans ce rapport, mais il faut noter que lorsqu’il montera sur le trône, il deviendra automatiquement le chef de l’Eglise anglicane. Le prince Charles entretient depuis de nombreuses années une liaison avec Camilla Parker Bowles, dont l’ex-mari est encore vivant. La question est de savoir si les conditions d’un remariage religieux peuvent lui être appliquées, car la proposition de nouvelle réglementation prévoit que l’Eglise ne permettra pas un remariage qui aggraverait un tort ou bénirait une infidélité. (apic/bbc/kna/be)

26 janvier 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!