Grand coming-out collectif dans l'Eglise allemande

125 personnes ont fait leur coming-out en même temps dans l’Eglise catholique allemande, le 24 janvier 2022. Dans une grande action concertée, les personnes travaillant en Eglise ont révélé leur homosexualité sur un site Internet et dans le cadre d’un documentaire télévisé.

KNA, traduction et adaptation: Raphaël Zbinden

«Intérieurement, j’étais tout simplement malheureux à mort», déclare le théologien Pierre Stutz dans l’introduction du film qui sera diffusé sur la chaîne allemande ARD à 20h30. Il est l’une des 125 personnes qui ont fait leur coming-out dans l’Eglise catholique allemande. Avant de venir vivre en Allemagne, ce Suisse était déjà engagé dans son pays pour l’intégration des homosexuels dans l’Eglise.

Pas de licenciement en raison de l’orientation sexuelle

Les 125 personnes qui ont fait leur coming-out travaillent à plein temps ou bénévolement dans l’Eglise et font en même temps partie de la communauté queer (gays, lesbiennes, bi ou trans). C’est ce qu’a fait savoir lundi l’initiative «#OutInChurch – pour une Eglise sans peur». L’initiative demande entre autres que le droit du travail de l’Eglise soit modifié de manière à ce que le fait de «vivre conformément à sa propre orientation sexuelle et à son identité de genre» n’entraîne pas de licenciement.

Dans le documentaire Wie Gott uns schufelt (Tels que Dieu nous a créés), de Hajo Seppelt, des personnes non-hétérosexuelles racontent leur «combat pour leur Eglise». La médiathèque de l’ARD présente en outre des témoignages de 100 personnes montrées dans le film. Les producteurs qualifient le projet de «plus grand coming out de l’histoire de l’Eglise catholique».

Problème de loyauté

Les employés de l’Eglise sont soumis au règlement fondamental de travail de l’institution. Ils doivent respecter les obligations de loyauté, qui comprennent l’orientation de leur mode de vie sur la doctrine de l’Eglise en matière de foi et de mœurs. Le fait de contracter un mariage homosexuel peut être considéré comme une violation de cette obligation et entraîner la résiliation du contrat de travail.

Outre une révision des dispositions du droit du travail, #OutInChurch demande «un accès non discriminatoire à tous les champs d’action et professionnels au sein de l’Eglise». L’Eglise porte la responsabilité de respecter les droits humains des personnes issues de la communauté queer dans le monde entier, selon les initiants. Elle doit donc réviser les «déclarations diffamatoires et inadaptées à notre époque» sur la sexualité et le genre en se basant sur les connaissances scientifiques humaines et théologiques. (cath.ch/kna/rz)