Glaris: La «dernière sorcière» enfin réhabilitée
Anna Göldin, décapitée en 1782, déclarée innocente
Glaris, 27 août 2008 (Apic) Le canton de Glaris a officiellement réhabilité mercredi Anna Göldi, «dernière sorcière d’Europe», 226 ans après sa condamnation par l’Eglise protestante et sa décapitation. Elle avait été jugée pour avoir «empoisonné» une fillette dont elle avait la garde, indique les médias de mercredi.
Anna Göldi (1734-1782) est considérée comme la dernière victime européenne des procès en sorcellerie, et cela à une époque, fin du 18e siècle, où ils avaient déjà presque partout disparu. En Allemagne, la dernière victime de cette justice particulière avait été exécutée en 1782. Le destin tragique de la servante Anna Göldi s’est noué à Mollis, petit village du canton de Glaris, où la superstition et le fanatisme religieux le disputaient à l’abus de pouvoir.
Walter Hauser, auteur d’une enquête, montre que le maître de la gouvernante avait fait pression sur les autorités, parmi lesquelles il siégeait, pour condamner la jeune femme. «L’affaire m’intéressait car je suis Glaronais et avocat de formation. On pourrait dire que j’étais prédestiné à écrire sur Anna Göldi!» a-t-il expliqué à swissinfo.
La réhabilitation n’a pas coulé de source. Le gouvernement et les Eglises, réformée et catholique, ont changé d’avis. Car ils étaient d’abord opposés à la demande de réhabilitation déposée par des députés au Parlement. «Tout a déjà été dit, le travail historique équivaut à une réhabilitation», avaient répondu, en substance, les responsables de ces instances. Le partie de droite UDC était lui aussi opposé.
Gouvernante dans la maison du notable Johann Jakob Tschudi, Anna Göldi a été accusée d’avoir jeté un sort sur la petite fille de 8 ans dont elle avait la garde. Celle-ci aurait craché des épingles et eu des convulsions. Il ressorte en outre que le Conseil de l’Eglise protestante glaronaise qui avait mené le procès, n’avait pas autorité pour le faire.
Anna Göldi a été décapitée, alors que la peine de mort n’était pas obligatoire pour les empoisonnements non mortels et que ce fait n’était même pas reconnu comme acte pénal, ajoute le gouvernement. (apic/ag/pr)