Gland: une nouvelle église et un signe d’espérance
La nouvelle église de la communauté catholique de Gland (VD) sera consacrée par l’évêque le 13 février 2022. L’aboutissement du projet commencé il y a onze ans est aussi un signe d’espérance dans un environnement où les lieux de culte tendent à disparaître.
«C’était un projet un peu fou, mais qui prend maintenant tout son sens», affirme Gilles Vallat. L’émotion est palpable chez le président de la paroisse de Nyon (incluant la communauté de Gland), qui contemple la rotonde de la nouvelle église dans la lumière d’une belle matinée de février.
Le nouvel écrin de foi est encore certes bien encombré lorsque cath.ch entreprend le tour des lieux, avec les ouvriers s’affairant aux finitions, les camionnettes utilitaires et le matériel de chantier traînant par-ci par-là. L’on peut toutefois déjà ressentir pleinement l’atmosphère de l’édifice qui conjugue convivialité et solennité.
Un projet de longue haleine
«La folie» des paroissiens de Gland a ainsi fini par prendre forme. Un projet ambitieux qui a bénéficié du travail d’une équipe soudée, dont Gilles Vallat a été l’une des chevilles ouvrières.
Une aventure commencée en 2010, lorsque le Conseil de communauté de Gland, Vich, Coinsins doit procéder au renforcement du clocher de la chapelle St-Jean-Baptiste. L’édifice construit en 1972 devient de plus en plus précaire. Il est constitué de matériaux préfabriqués provenant d’un baraquement de chantier. Le bâtiment n’est plus conforme aux normes, notamment énergétiques. Le lieu de culte est également devenu trop petit pour une communauté locale qui ne cesse de croître. Le coût d’une rénovation complète et d’un agrandissement se révèle exorbitant.
«L’église se conçoit, au-delà du lieu de célébration, comme un centre de rassemblement social et culturel»
Face à ses considérations, le Conseil de paroisse approuve le projet d’une nouvelle église en novembre 2011. Il s’en suit un long parcours parsemé d’embûches, principalement administratives. Le comité de pilotage, présidé par Bernard Chevallay, doit même aller jusqu’au Tribunal fédéral pour surmonter plusieurs oppositions du voisinage, notamment dues à la nécessité de défricher des parcelles de vigne.
Le chantier s’ouvre finalement en juin 2020.
Lieu de foi et de culture
L’avancement des travaux a permis à la communauté de Gland d’organiser la consécration de la nouvelle église Saint-Jean-Baptiste le 13 février 2022. Malgré la persistance des restrictions sanitaires, une grande affluence est attendue pour la messe et la cérémonie présidée par Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. La célébration, diffusée sur la chaîne YouTube de la paroisse, sera retransmise sur grand écran dans la salle «Partage» de l’église, ainsi que dans l’ancienne chapelle, située à deux pas.
Gilles Vallat attend avec impatience de voir le lieu prendre vie et la communauté, au sens large, se réunir.
Car l’église se conçoit, au-delà du lieu de célébration, comme un centre de rassemblement social et culturel. Telle est la finalité des trois salles situées dans la partie inférieure du bâtiment. Ouvertes à la location, elles pourront accueillir diverses manifestations, telles que des expositions, des rencontres, des concerts ou des conférences. L’Association culture et rencontre de Gland et environs a été fondée en 2021 pour gérer cet aspect.
Retour aux sources
Une église moderne et ouverte sur le monde qui n’oublie pas pour autant ses racines. «Il y a même une volonté de retour aux sources», note Gilles Vallat. Le concept général étant de retrouver ce qui caractérisait les premières communautés chrétiennes.
Cette vision a notamment guidé le projet architectural, réalisé par le bureau Coretra, à Nyon.
«Nous avons dû combattre pas mal de scepticisme»
La forme circulaire donne une dimension communautaire à l’action liturgique. L’assemblée, les lecteurs et chanteurs y font naturellement «corps». L’autel, l’ambon et le siège de la présidence forment un triangle au milieu des chaises placées en demi-cercle. Une configuration qui permet une participation plus active de l’assemblée. Tout cela dominé par un plafond qui laisse passer une lumière zénithale douce.
La forme générale du bâtiment rappelle celle des premières églises chrétiennes.
D’autres éléments indiquent le retour aux sources, notamment les fonts baptismaux, érigés dans le narthex (espace à l’entrée de l’église), comme c’était le cas dans les lieux de culte antiques. Le meuble est muni d’une fontaine.
Même l’espace jardin a été pensé de façon à rappeler les temps bibliques. Des plantes que l’on retrouve dans le Livre sacré, telles que la vigne ou l’olivier, ont en effet été sélectionnées et plantées le long du sentier reliant les deux entrées du bâtiment.
Ne pas oublier la chapelle
L’église Saint-Jean-Baptiste abrite quantité d’éléments symboliques, notamment de nombreuses représentations de colombes, renvoyant au baptême du Christ.
Le mobilier liturgique, qui utilise en particulier le marbre bleu de Savoie, est l’œuvre de l’artiste français Alain Dumas, avec lequel la collaboration a été très bonne, précise Gilles Vallat. Le sculpteur a notamment réalisé une croix originale, dite en «tau», selon la lettre grecque.
Un élément original est la «loge» aménagée pour la Vierge, entre le narthex et l’intérieur de l’église. L’installation à cet endroit évite que les cierges déposés devant la statue n’altèrent le bois qui recouvre les parois de la nef. La mère du Christ pourra ainsi être vue des deux côtés et indiquer le chemin aux visiteurs.
Sur le plan des racines, il s’est aussi agi de conserver le souvenir de l’ancienne chapelle, qui doit être détruite, et dont beaucoup de fidèles ont d’ores et déjà la nostalgie. Certains éléments seront récupérés et replacés dans la nouvelle église. C’est le cas du clocher et de sa cloche retapée, qui trônera sur l’entrée principale. Des vitraux de la chapelle orneront également le narthex.
«Construire une nouvelle église, dans une société où le christianisme est en perte de vitesse, était un défi»
Gilles Vallat
Au chapitre de la modernité, l’édifice se veut «laudato si’ compatible», construit avec des matériaux de proximité et selon les normes les plus élevées de bilan énergétique.
Pour un nouvel élan
Un résultat «magnifique», selon Gilles Vallat, qui remplit pleinement ses attentes et celles des paroissiens. «Nous avons dû combattre pas mal de scepticisme, surtout au début, commente-t-il. Mais aujourd’hui, je pense que tout le monde est convaincu».
L’investissement a tout de même été considérable. Le montant nécessaire est de 4,6 millions de francs. Alors que dans le canton de Vaud, la charge de construction des nouvelles églises revient aux paroisses. Il manque quelque 850’000 francs pour financer entièrement le nouvel édifice, dans une récolte de fonds qui n’a pas été facilitée par la situation sanitaire.
Le président de paroisse espère que l’inauguration de l’église rimera avec un nouvel élan de la communauté, tout en précisant que la messe à Gland a toujours été bien fréquentée. Il souhaite aussi que l’ouverture sociale et culturelle du lieu puisse amener des personnes éloignées à se rapprocher de la foi.
A l’instar des paroissiens, il est finalement très fier d’avoir mené à bout un projet presque «à contre-courant». «Construire une nouvelle église, dans une société où le christianisme est en perte de vitesse, était un défi. Mais maintenant que cela a été fait, c’est certainement un grand signe d’espérance, qui nous indique que l’Eglise ne doit pas baisser les bras». (cath.ch/rz)