Génocide des Polonais de Volhynie: Kiev n'apprécie pas ce rappel historique
Mgr Mieczyslaw Mokrzycki, président de la Conférence épiscopale catholique d’Ukraine, a salué la récente décision du Parlement polonais de faire du 11 juillet le «Jour du souvenir» des victimes du génocide perpétré durant la Seconde guerre mondiale par les troupes de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) dans l’est de la Pologne.
Entre 1942 et 1945, plus 80’000 Polonais, dont des femmes et des enfants, ont été, selon divers historiens, massacrés par les membres de l’OUN et de l’UPA en Volhynie et en Galicie de l’est, actuellement en Ukraine. Les nationalistes ukrainiens ont commis un véritable génocide durant leur campagne de «purification ethnique» visant les Polonais, mais également les Russes, les Hongrois et les juifs. Le 22 juillet 2016, le Parlement polonais a reconnu les massacres comme étant un génocide, en rendant hommage «aux citoyens de la Seconde République de Pologne, brutalement tués par les nationalistes ukrainiens».
Le pouvoir ukrainien déplore la décision du Parlement de Varsovie
La décision de la Diète polonaise a refroidi les relations entre la Pologne et le régime en place à Kiev. Le président ukrainien Petro Porochenko a déploré la décision du Parlement polonais, considérant que les combattants de l’UPA sont «un exemple d’héroïsme et de patriotisme pour l’Ukraine».
Rappelons qu’en avril 2015, la Rada suprême d’Ukraine, le Parlement de Kiev, a adopté un projet de loi faisant des soldats de l’OUN et de l’UPA des «combattants pour l’indépendance». Au début de l’invasion allemande de l’URSS, la Légion ukrainienne, créée par le leader nationaliste Stepan Bandera, combattra aux côté des nazis. Sous le régime pro-occidental de Kiev, la figure de Bandera a été réhabilitée, des statues du chef de l’UPA ont été érigées et son nom a été donné à certaines rues.
Stepan Bandera considéré comme un «héros national»
Kiev a en effet «blanchi» les organisations nationalistes qui ont collaboré avec les nazis la Deuxième Guerre mondiale tout en interdisant tout symbole communiste en Ukraine. Avec la loi «Sur le statut et la mémoire des combattants pour l’indépendance ukrainienne au 20e siècle», Kiev a légitimé officiellement des mouvements comme l’OUN et l’UPA. La loi interdit désormais toute critique publique de ces organisations.
Dans ce contexte, l’agence d’information «Religious Information Service of Ukraine» (RISU) a relevé, le 1er août 2016, la messe célébrée pour les victimes polonaises par Mgr Vitaly Skomarovsky, évêque catholique de Loutsk, en Ukraine occidentale. La cérémonie s’est tenue dans le cimetière du village de Melnytsia (anciennement Mielnica), dans la région de Kovel, en Volhynie.
Hommage aux victimes polonaises des nationalistes ukrainiens
C’est là qu’ont été exhumés les restes des victimes des pogroms anti-polonais, notamment ceux du prêtre de la paroisse, Václav Majewski, et de 17 membres de l’intelligentsia polonaise, exécutés par les Allemands et leurs supplétifs ukrainiens.
Mgr Mieczyslaw Mokrzycki, archevêque catholique de Lviv, a souligné l’importance de cet hommage: «Nous sommes reconnaissants à tous ceux qui parlent de ces événements, qui veulent se tenir dans la vérité, qui veulent rendre hommage et enterrer dignement de nombreuses personnes qui n’ont pas encore de tombes, celles dont les lieux de leur dernier repos ne sont pas marqués par des tombes et des croix».
Des paroisses catholiques vidées de leur population
Le diocèse catholique romain de Loutsk compte 36 paroisses et quelque 30’000 fidèles. Jusqu’à la Deuxième guerre mondiale, la région appartenait à la Volhynie polonaise. A partir de la mi-juillet 1943, des nationalistes ukrainiens ont commis plusieurs massacres, tolérés par les occupants allemands, visant la population majoritairement polonaise. Plus de 50’000 personnes ont été assassinées dans la région, rappelle l’œuvre d’entraide catholique Aide à l’Eglise en Détresse (AED). A la suite de ces massacres, de nombreuses paroisses catholiques ont été abandonnées et sont restées vides jusqu’à aujourd’hui. (cath.ch-apic/risu/com/be)