Genève: Mgr Pierre Farine désacralise «la chapelle du Vicariat»
La chapelle de la Maison diocésaine de l’Église catholique romaine (ECR) de Genève a été désacralisée le 14 février 2024 par Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire émérite de Lausanne, Genève Fribourg, en vue du déménagement des bureaux ce printemps et de la location future des locaux actuels.
Outre les bureaux administratifs de l’Église catholique romaine (ECR) de Genève, les archives et les anciens appartements de l’évêque auxiliaire, le 13 rue des Granges abrite en effet une chapelle. Une messe ouverte à tous les catholiques y était célébrée une fois par semaine par l’abbé Pascal Desthieux du temps où celui-ci était vicaire épiscopal.
Évêque auxiliaire du Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg de 1996 à 2015, puis administrateur pendant un an du Vicariat épiscopal pour le canton, suite au décès de Mgr Genoud, Mgr Farine a vécu vingt ans dans ces lieux chargés d’histoire, avant de prendre sa retraite en 2016. Il a donc lui-même souvent célébré dans cette chapelle. Et c’est lui qui s’est chargé du rituel de sa désacralisation, lors duquel les reliques de l’autel ont été retirées.
A l’issue de la messe des Cendres, chacun a pris un objet de culte, calice, ciboire, nappe d’autel, patène, ostensoir, etc pour l’emmener hors de la chapelle. L’enlèvement de la pierre d’autel contenant les reliques marque la désacralisation du lieu. En l’occurrence, les objets ont été déposés sur la table de la salle de conférence du vicariat. «Ils seront rangés et pourront resservir dans d’autres lieux», assure Pierre Farine.
«Ce qui m’intéresse, c’est l’avenir»
Rencontré la veille à l’occasion des portes ouvertes organisées par l’ECR, il a confié à cath.ch ne pas ressentir de nostalgie. «J’ai vécu de très belles années à la rue des Granges, mais cette page se tourne. Ce qui m’intéresse ce n’est pas de désacraliser cette église, mais c’est l’inauguration de la Maison de l’Église au Sacré-Cœur. Je suis un homme de l’avenir.»
Aussi affiche-t-il un solide optimisme quant à l’avenir de l’Église, à Genève et plus largement en Suisse, «malgré les sordides affaires d’abus de toutes sortes». Une Église où rites et œuvres sociales continueront à se porter mutuellement. «L’Église, c’est aussi saint François d’Assise ou sainte Jeanne de Chantal. Je ne me suis pas fait prêtre pour faire de belles liturgies – mais aussi, car c’est beaux – mais à cause du Christ et de son Évangile, comme dit Charles de Foucault. Je pense que l’Église du futur sera moins visible, moins forte en nombre, mais plus présente, plus inspirante.»
Chrétiens d’abord, catholiques ensuite
La Maison diocésaine se trouve en plein cœur de la vieille-ville genevoise, à deux pas du mur des Réformateurs et de la cathédrale protestante Saint-Pierre. Plutôt qu’un rappel constant des divisions confessionnelles historiques, Mgr Farine y voit un chemin œcuménique à parcourir au quotidien. «Sans faire de bruit, comme une forêt qui pousse, ça avance. Mon vis-à-vis le plus immédiat à la rue des Granges était Jean-Claude Mokry, récemment décédé, le curé catholique-chrétien de l’église St-Germain, qui jouxte notre immeuble. À Genève, de toute façon, si on n’est pas œcuménique, je ne vois pas très bien comment faire. Moi-même je me dis chrétien, dans la confession catholique.»
De son passé d’évêque auxiliaire, Mgr Farine retient deux événements «capitaux pour les chrétiens de Genève»: Chrétiens pour l’an 2000, avec l’interprétation en 1986 par l’acteur Jean-Luc Bideau de L’Évangile selon Saint Marc, à Palexpo, et le Rassemblement européen des jeunes de Taizé en décembre 2007, lors duquel 40’000 jeunes furent accueillis par les chrétiens genevois. «Le Vicariat a logé quelques-uns des Frères de Taizé, dont Frère Alois», précise Mgr Farine. «La première question que l’on se pose quand on est une Église pauvre comme la nôtre, c’est combien cela va nous coûter. Rien. L’hospitalité des chrétiens de Genève a été formidable.»
C’est certainement cet accueil qui sera l’une des pièces maitresse de la future Maison de l’Église à Plainpalais, estime-t-il. D’un hôtel particulier de la Vieille-Ville genevoise, à un quartier multiculturel et populaire, la symbolique du virage est forte. (cath.ch/lb)