Fribourg: Mgr Alain de Raemy à la Journée portes ouvertes de Point d’Ancrage

Comme chaque mercredi pour le repas-partage, une foule bigarrée et joyeuse se presse au Point d’Ancrage, à Fribourg. Mais cette année, le 21 juin, la traditionnelle «journée portes ouvertes» du centre d’accueil des migrants et requérants d’asile était également couplée à la Fête de la musique, célébrée au premier jour de l’été. Les quelque 200 personnes présentes ont pu saluer Mgr Alain de Raemy, venu bénir le repas communautaire.

C’était la première fois que l’évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) se rendait sur place, à l’invitation des responsables de ce lieu d’accueil sis dans les locaux de l’Africanum, à la Route de la Vignettaz 57.

Point d’Ancrage Musique du monde au centre d’accueil (Photo: Jacques Berset

Musiques du monde

Sous une chaleur caniculaire, en cette Fête de la musique, les requérants d’asile érythréens, syriens, afghans, tibétains, iraniens et congolais avaient tenu à faire connaître leur musique, en jouant tour à tour des mélodies de leur pays. De quoi réveiller la nostalgie du coin de pays qu’il a fallu fuir un jour en raison de la guerre, de la famine ou de la dictature, en y laissant nombre de membres de la famille.

Disposés sur les tables, divers plats de leur région, dont l’injera, la traditionnelle crêpe à base de farine de teff, confectionnée par les requérants d’asile érythréens, et que l’on trouve aussi en Ethiopie ou en Somalie, aux côtés de nombreuses autres spécialités de divers continents.

Respect du ramadan

En cette fête du ramadan, des familles musulmanes pratiquantes étaient venues en fin de matinée chercher des sacs de nourritures préparés à l’avance par les dizaines de bénévoles de Point d’Ancrage et qu’elles consommeront lors de la rupture du jeûne, confie à cath.ch Sœur Bibiane Cattin.

Point d’Ancrage Les enfants du monde partagent leurs jeux au centre d’accueil (Photo: Jacques Berset)

Cette «Sœur Blanche» jurassienne a travaillé, à l’extrémité orientale de la République démocratique du Congo, avec des femmes violées par des hommes armés. Depuis son retour en Suisse en 2010, Sœur Bibiane met chaque mercredi ses connaissances et sa précieuse expérience au service des requérants d’asile, dont certains se remettent difficilement des traumatismes subis au pays ou sur les routes de l’exil.

60 millions de réfugiés dans le monde

En ouverture du repas, Mireille Burgos-Schöpfer, responsable des entretiens et de la coordination à Point d’Ancrage, a rappelé que plus de 60 millions de réfugiés dans le monde cherchent protection et perspectives d’avenir. «Chaque jour, des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants quittent l’endroit où ils habitent, leur famille, leurs amis, leur travail, leurs coutumes… Régulièrement, la presse fait était de naufrages loin des côtes, de villes dévastées par les bombes, de drames humains».

Point d’Ancrage Mireille Burgos-Schöpfer, responsable de la coordination au centre d’accueil (Photo: Jacques Berset)

Et la Fribourgeoise de souligner que ces migrants, «la tête et le cœur remplis de drames, de misère et de tristesse», fuient pour tenter de trouver une vie plus sûre pour eux et leur famille. «Certains arrivent dans le canton de Fribourg et viennent à Point d’Ancrage, où ils peuvent retrouver un peu de chaleur et d’amitié, un peu comme une nouvelle famille, une main tendue, une oreille attentive, un regard accueillant, un échange fraternel».

Point d’Ancrage Mgr Alain de Raemy découvre la foule bigarrée du centre d’accueil (Photo: Jacques Berset)

A Point d’Ancrage, migrants et réfugiés se sentent accueillis

Mgr Alain de Raemy confie à cath.ch qu’il connaissait l’existence de Point d’Ancrage, mais que c’était la première fois qu’il s’y rendait. Il est venu à l’invitation de plusieurs Pères Blancs qu’il connaît, comme Claude Maillard ou Roman Staeger. Il côtoie ce dernier au sein de la Commission de la Conférence des évêques suisses (CES) pour le dialogue avec les musulmans, qu’il préside. Il a également été invité par Anne Lugon-Moulin, présidente de Point d’Ancrage,  qui travaille à la Direction du développement et de la coopération (DDC), à Berne. Elle a conseillé un groupe d’experts de la CES qui s’est rendu en voyage d’étude au Bénin en février dernier.

«J’étais étranger et vous m’avez accueilli»

Mgr de Raemy estime important, en tant qu’évêque, de visiter un de ces lieux où se réalise concrètement la vie chrétienne de partage, avec toute personne en situation de précarité. Et de citer Matthieu 25, 36: «j’étais étranger et vous m’avez accueilli, j’étais nu, et vous m’avez vêtu; j’étais malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi».

L’évêque auxiliaire de LGF s’est dit heureux de découvrir cette foule venant de multiples contrées du monde, qui se serre les coudes et qui se sent heureuse dans ce lieu, des personnes qui ne se sentent pas jugées, mais soutenues et comprises. «On sent un peu moins, chez les migrants présents, la peur d’être refoulés; ici, elle est comme recouverte du manteau de l’hospitalité, car ils se sentent accueillis, d’où ils viennent, de quelque religion à laquelle ils appartiennent».

Point d’Ancrage Cet homme a dû quitter son pays pour avoir voulu suivre Jésus (Photo: Jacques Berset)

Mgr de Raemy affirme que cette population représente une priorité pour la CES, qui réorganise actuellement son service «Migratio» pour mieux répondre aux défis actuels. Pour faire face à ces nouveaux besoins, la CES bénéficie du soutien financier de la RKZ, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse. Mgr de Raemy constate également qu’il y a parmi ces réfugiés, des personnes en recherche, qui ont rencontré le Christ grâce au témoignage en acte de ceux et celles qui les accueillent. (cath.ch/be)

Point d'Ancrage Mgr Alain de Raemy salue la foule bigarrée des migrants au centre d'accueil
21 juin 2017 | 17:58
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 4  min.
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