Fribourg: les religions ont marché pour la paix
Une cinquantaine de personnes représentant diverses communautés religieuses ont marché dans les rues de Fribourg, le 29 septembre 2022, pour exprimer leur soutien à la paix dans le monde. Le fil conducteur a été la foi en un Dieu qui cherche le bonheur de l’homme.
Sous une pluie intermittente et par une température bien automnale, les marcheurs se regroupent sur le trottoir d’une rue jouxtant le Boulevard de Pérolles, la grande artère de Fribourg. Il est possible de distinguer les appartenances religieuses et nationales par quelques signes vestimentaires. Une femme porte le voile islamique, une autre une veste portant l’inscription «Bosna Hercegovina», une autre encore le «tilak», le point sur le front typique de l’hindouisme.
Melting pot religieux
A l’heure convenue, le pasteur Pierre-Philippe Blaser, «l’animateur» de l’événement, se saisit du mégaphone pour indiquer les consignes et le sens de la démarche. Le président du Conseil Synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg (EERF) rappelle que la manifestation se veut un appel solidaire des religions en faveur de la paix dans le monde. Il s’agit d’une première, organisée conjointement par le Conseil des Églises réformée et catholique du canton de Fribourg (CERECAF) et l’Union des associations musulmanes de Fribourg (UAMF). La communauté israélite de la région y participe, ainsi que des représentants des Eglises orthodoxes et de la religion hindouiste.
La nécessité de «l’entre-connaissance»
Avant le départ des marcheurs, deux grandes banderoles indiquant «Religions pour la paix» en allemand et en français sont dépliées. Une prière musulmane est prononcée, insistant sur le fait que la vie est un don d’Allah que nul n’a le droit d’enlever, que les hommes ont été mis sur terre pour «s’entre-connaître» et que tous les peuples méritent de vivre une vie digne.
Suite à cette première invocation, le groupe se déplace sur le Boulevard de Pérolles, banderole en tête. Les marcheurs s’arrêtent tout d’abord sur la Place du Domino. Marianne Pohl, déléguée de l’évêque pour la partie germanophone du canton de Fribourg, prend la parole en allemand, soulignant l’aspect bilingue de la manifestation. Sa prière demande à Dieu de «nous donner les mots, les gestes et les moyens justes pour promouvoir la paix». «Quand l’égoïsme et l’injustice prennent le dessus, quand la violence éclate entre les hommes, quand la réconciliation semble impossible, c’est toi qui nous donnes l’espoir de la paix», rappelle encore la responsable catholique.
Tous d’une même famille
La pluie qui s’abat un peu plus fort sur le groupe alors qu’il se déplace vers le centre-ville de Fribourg ne semble pas entacher la bonne humeur des participants. Un prochain cercle se forme au début de la Rue de Romont. «Apprends-nous, Seigneur, à appliquer la routine quotidienne du pardon», lance le pasteur réformé Martin Burckhardt. Après lui, Thavendran Thirumagal, de la communauté hindouiste, rappelle que nous sommes tous de la même famille humaine et que la tolérance est le seul moyen pour créer un monde meilleur.
La marche se termine finalement à la Place Georges-Python, où le rabbin Lionel El Kaim, de la communauté israélite de Fribourg, prie pour que «le Dieu de nos ancêtres apporte la paix». «Nous sommes venus dans ce monde pour te connaître et te comprendre», ajoute-t-il à l’adresse du Très-Haut.
La force de la multiculturalité
Après cette dernière intervention, Pierre-Philippe Blaser remercie les participants et annonce la fin de la manifestation. La pluie et le froid plus intenses n’empêchent pas les marcheurs d’échanger encore quelques mots. «On ne peut pas cacher que la marche était en lien avec la tentative de certains dirigeants religieux de justifier la violence et la guerre, notamment concernant le conflit en Ukraine», confie le pasteur réformé. Il fait référence au patriarche de Moscou Cyrille Ier, qui soutient la guerre menée par Vladimir Poutine, et qui a récemment considéré que les soldats russes tombés au combat seraient lavés de leurs péchés.
«Ce rassemblement sert aussi à rappeler que la multiculturalité est une force positive dans la société», note Sabahudin Botonjic, de l’Association des Bosniaques de Fribourg. «On entend souvent dire que les religions c’est la guerre, souligne encore le chanoine Claude Ducarroz, ancien prévôt de la cathédrale de Fribourg. C’est important de montrer que les religions peuvent aussi travailler ensemble pour la paix.» (cath.ch/rz)