Fribourg: le budget de l’Église du canton adopté grâce à des compromis
Dans un climat financier tendu, l’Assemblée de la Corporation ecclésiastique cantonale (CEC) de Fribourg a adopté, le 14 décembre 2024, son budget 2025. Il a aussi pris acte du premier plan financier quinquennal présenté par le Conseil exécutif pour la période de 2025 à 2029, visant à assurer des finances saines dans la durée.
En ouverture de la session, Bernhard Altermatt, président de l’Assemblée, a souligné la position privilégiée de l’Église dans le canton, celle-ci bénéficiant, tout comme les Réformés, de la levée de l’impôt ecclésiastique en vigueur à Fribourg. Cela lui confère une obligation de bonne gestion d’autant plus grande, a-t-il fait remarquer: «Seule une gestion financière responsable et diligente permet à l’Église d’être solidaire dans la durée et de remplir sa fonction subsidiaire aux côtés de l’État et de la société civile, pour répondre aux besoins des plus défavorisés.»
Des efforts et compromis de toutes les parties prenantes
Dans son communiqué de presse, l’Assemblée de la CEC remarque que «le budget proposé par le Conseil exécutif répond non seulement aux exigences posées par le cadre légal (statut et décisions de l’Assemblée), mais encore à la nécessité de trouver des compromis entre toutes les parties prenantes». A savoir la CEC et les paroisses, unités pastorales et corps représentés au sein de l’Assemblée, mais aussi l’évêché et les partenaires tiers.
«Au vu de la situation conjoncturelle difficile dans le canton de Fribourg qui lie l’impôt ecclésiastique à l’impôt cantonal, chaque partie a dû faire un effort et consentir à des réductions et économies, bien que modestes dans leur ensemble.» Le budget 2025 répond en outre à la demande des paroisses de réduire les dépenses.
Selon Marc Joye, responsable du dicastère finance, «le Conseil exécutif présente un budget sobre et économe sans pour autant proposer un budget d’austérité». Des diminutions ont été effectuées, dont notamment une réduction de la masse salariale, mais également une diminution des charges d’exploitation et des charges liées.
Dépassant les 29 millions de francs, le budget 2025 de la CEC a ainsi été réduit de 362’000 francs par rapport à 2024, ce qui correspond à une réduction de la contribution de 3400 francs par paroisse. En contrepartie, les paroisses ont consenti à reverser les 90% de l’impôt à la source à la CEC.
Les délégués ont accepté pour leur part de porter le taux du frein aux dépenses à 16,34% au lieu des 15% statutairement prévus.
Les œuvres d’entraide touchées
En outre, les soutiens que la CEC verse aux associations caritatives ont été réduits. Ainsi de la contribution à Caritas Fribourg, qui est passée de 220’000 à 200’000 francs, la CEC ne disposant pas des mêmes sommes que par le passé. Un appel a été lancé aux paroisses pour qu’elles intensifient «leurs propres dons auprès des œuvres d’entraide».
Augmentation modeste du soutien à l’évêché
La demande budgétaire 2025 de l’évêché n’a pas non plus été entièrement satisfaite. La CEC s’est engagée à hauteur de 700’000 francs au lieu des 750’000 demandés, ce qui reste toutefois 34’000 francs de plus qu’en 2024. L’Assemblée a ainsi refusé la proposition de M. Canevascini de réduire de 100’000 la contribution versée à la Conférence centrale catholique romaine de la Suisse (RKZ) pour augmenter d’autant la somme allouée à l’évêché.
Invoquant le «besoin de moyens pour redonner une belle image de l’Église sur la place publique», le vicaire général Jean-Claude Dunand, invité à l’Assemblée, a regretté ce manque de moyens accordé à l’évêché.
Un premier plan financier quinquennal
Lors de l’Assemblée, le Conseil exécutif a présenté aussi son premier plan financier quinquennal, qui doit renforcer la bonne gestion financière de la CEC dans la durée. Il fait suite au «Mandat sur la réforme du frein aux dépenses», voté lors de la séance du 15 juin dernier.
Ce premier plan n’est certes pas parfait, remarque Marc Joye, «mais il fournit des informations fiables quant à la hauteur des contributions paroissiales pour les cinq prochaines années. Il permet de remplacer le concept du frein aux dépenses qui est insatisfaisant, d’offrir aux paroisses une meilleure planification financière et d’ancrer une plus grande transparence à long terme.»
Avec ce plan, le Conseil exécutif montre sa volonté d’éviter de nouvelles augmentations des contributions des paroisses dans une situation financière tendue. Cet objectif ambitieux ne va pas sans sacrifices, fait-il remarquer.
Ce plan quinquennal concerne essentiellement la pastorale catégorielle, soit supra-paroissiale, qui est l’objet des contributions de bases des paroisses, et non la pastorale territoriale qui dépend directement des paroisses, détaille encore le communiqué.
La question du personnel
Durant l’Assemblée, la CEC a expliqué désiré faire correspondre progressivement les ambitions aux moyens disponibles, sans pour autant procéder à des licenciements ou à des coupes substantielles dans les budgets d’entraide et d’engagement social.
Tant le Conseil exécutif que les représentantes de l’Autorité diocésaine constatent la difficulté croissante à trouver du personnel qualifié. Ils sont conscients de la nécessité d’augmenter l’attractivité, en particulier celle de la profession d’agent pastoral, via des mesures dans la formation, les attributions, l’image et les conditions de travail.
Cette présentation de la planification quinquennale a soulevé quelques questions de membres de l’Assemblée. La déléguée Bettina Gruber s’est ainsi interrogée sur l’éventualité d’une diminution du personnel au niveau de la pastorale catégorielle et sur la suppression des paliers automatiques. Pour Marc Joye, la répartition des tâches entre la pastorale catégorielle et la pastorale territoriale sera effectivement à revoir. (cath.ch/com/lb)