La cathédrale de Fribourg | © Maurice Page
Suisse

Fribourg: l'abbé Frochaux démissionne

L’abbé Paul Frochaux, ancien curé de la cathédrale de Fribourg, a démissionné de toutes ses charges ecclésiales, a confirmé à cath.ch le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) le 28 juin 2020. L’abbé d’origine neuchâteloise est sous le coup de plusieurs enquêtes concernant des abus sexuels.

L’abbé Frochaux, âgé de 68 ans, était suspendu depuis février 2020. Fin juin, il a envoyé sa demande de démission de toutes charges ecclésiales à Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), qui l’a acceptée, indique Laure-Christine Grandjean, chargée de communication pour le diocèse.

L’affaire a commencé fin décembre 2019, avec une série d’accusations lancées par l’abbé Nicodème Mekongo, basé dans le canton de Neuchâtel, dans le quotidien alémanique Tages Anzeiger. Il est alors reproché à Paul Frochaux d’avoir fait régner une ambiance «homo-érotique» à la cure de Vevey, alors que les deux y résidaient, avant que Paul Frochaux soit nommé curé de la cathédrale de Fribourg, en 2012. L’abbé Mekongo évoque également des relations sexuelles entre l’abbé Frochaux et un jeune homme.

Trois enquêtes

A la sortie de l’article, le curé de la cathédrale nie en bloc. Mais début février 2020, les accusations se précisent concernant un abus sexuel qui se serait produit sur le jeune homme en question, alors que celui-ci était âgé de 17 ans, en 1998, dans un chalet à Torgon (VS). Face à ces nouvelles révélations, Mgr Morerod suspend immédiatement le curé, qui part «se mettre au vert».

A partir de là, trois enquêtes se sont mises en route. La première est d’ordre pénal. La seconde est interne à l’évêché. Elle cherche principalement à déterminer s’il y a eu une volonté de dissimuler des informations sur l’abbé Frochaux, notamment à Mgr Morerod, quand ce dernier est entré en fonction en 2011. La troisième procédure est canonique. Elle est menée de manière indépendante par l’avocat et ancien juge genevois, non-chrétien, Maurice Harari. Se basant principalement sur les témoignages, elle est censée faire toute la lumière sur les faits. Laure-Christine Grandjean confirme que cette dernière enquête est terminée et a été transmise à Rome.

Crise de confiance

Cette démission de Paul Frochaux était attendue, tant la crise de confiance envers sa personne était profonde dans l’Eglise fribourgeoise. «A plusieurs niveaux, on m’a trahi, menti ou caché des choses», estimait ainsi Mgr Morerod lors d’une conférence de presse en mars. Valentine Murith, présidente de la paroisse de Saint-Nicolas, confie, dans le quotidien 24 Heures du 27 juin 2020, que les instances paroissiales ont accueilli la démission de Paul Frochaux «avec soulagement». «La situation durait et était devenue très compliquée», ajoute-t-elle. (cath.ch/ag/rz)

La cathédrale de Fribourg | © Maurice Page
28 juin 2020 | 12:01
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!