Fribourg: Une enquête pour «dynamiser l'Eglise»
Mgr Rémy Berchier lance ce 12 octobre 2016 une vaste enquête auprès de la population fribourgeoise. Accessible en ligne et transmise en version papier, elle constitue la première étape d’un projet ambitieux: dynamiser l’Eglise catholique dans la partie francophone du canton de Fribourg.
«Si l’Eglise était un animal, lequel serait-elle et pourquoi?» «Sur les quinze questions du sondage, c’est la plus originale», sourit Bernhard Prestel, fondateur de l’entreprise de conseil en management Team Consult, mandatée par la Corporation ecclésiastique fribourgeoise. Du lien à l’Eglise à la représentation du catholicisme, en passant par le rôle social de l’Eglise ou encore la manière dont elle devrait gérer l’impôt ecclésiastique, ce questionnaire est un instrument au service d’une mission d’envergure: «Dynamiser l’Eglise catholique dans le canton de Fribourg». Il est aussi l’amorce concrète d’une démarche de réflexion ecclésiale inspirée de la pédagogie du «voir, juger, agir» de l’Action catholique, rebaptisée pour l’occasion «écouter, comprendre, témoigner».
Un questionnaire distribué largement
C’est donc cette phase d’écoute qui s’ouvre aujourd’hui avec l’envoi de ce questionnaire accessible en ligne. Elle durera un peu plus de deux mois, jusqu’au 31 décembre 2016. Le questionnaire vient d’être également transmis à toutes les paroisses catholiques de la partie francophone du canton en format papier. Il sera également distribué dans les gares de Fribourg et de Bulle ou annoncé dans les principaux quotidiens du canton afin qu’il atteigne le plus de monde possible d’ici le 7 novembre prochain.
«Cette première phase n’est pas un but en soi, précise Mgr Rémy Berchier, vicaire épiscopal pour la partie francophone du canton de Fribourg. C’est un moyen pour nous aider à comprendre». Il précise la démarche: «Une fois que nous aurons récolté les réponses à ce questionnaire, nous en ferons une synthèse que nous analyserons avec tous les agents pastoraux du diocèse». Il s’agira d’en dégager des perspectives concrètes. «Nous les soumettrons ensuite à l’évêque à la fête de Pâques pour qu’il promulgue des objectifs pastoraux le 4 juin 2017, fête de la Pentecôte».
Une réforme nécessaire
«Voilà cinq ans que l’évêque m’a nommé vicaire épiscopal pour la partie francophone du canton de Fribourg. Un certain nombre de constats se sont imposés», explique Mgr Berchier pour fonder cette réflexion d’une année. Parmi eux: la hausse rapide et importante de l’incroyance. «Dans le canton de Fribourg, en 2000, 11,4% des personnes se déclaraient sans confession. Treize ans plus tard, en 2013, elles étaient 22,4%». Ou encore, pêle-mêle: la baisse des mariages, l’essoufflement et le vieillissement des communautés paroissiales, la diminution du nombre de personnes engagées en Eglise, ou le décalage possible de l’Eglise face aux rapides mutations sociales.
L’aspect financier a également été évoqué par Mgr Berchier comme un point problématique. «Selon la loi qui régit les rapports de l’Eglise à l’Etat dans le canton, seules les paroisses sont autorisées à ponctionner l’impôt ecclésiastique. 50 millions de francs se retrouvent chaque année dans les mains des paroisses. Il y a différents demandeurs, comme les Unités pastorales, la Corporation ecclésiastique cantonale (CEC), l’évêché, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ). Et la Corporation ecclésiastique cantonale doit faire face à un frein aux dépenses».
Autant de signes qui montrent la nécessité de dynamiser l’Eglise dans ce canton, selon le vicaire épiscopal. Il a créé pour cela un groupe de travail chargé de mener à bien les trois phases de la réflexion, dont il énumère les buts: «bâtir l’avenir; se laisser faire par l’Esprit Saint; écouter le peuple de Dieu; stimuler et valoriser les agents pastoraux». Des buts qui, une fois énoncés à travers les futurs objectifs pastoraux, devraient être mis en œuvre progressivement.
La composition du groupe de travail
Le groupe de travail chargé de mener cette réflexion à son terme est composé de Jean-François Mayer, directeur de l’Institut Religioscope, Francis Python, professeur émérite d’histoire et fin connaisseur du canton de Fribourg, Patrick Mayor, chef d’entreprise et membre de la Corporation ecclésiastique, François-Xavier Amherdt, professeur de théologie, Evelyne Maurice, responsable du dicastère Formation et Ressources en Pastorale, Louis Both, adjoint du vicaire épiscopal et Jean Glasson, curé modérateur de l’UP Saint-Laurent dans la Broye fribourgeoise». (cath.ch/pp)