100 ans d’engagement social et d’apostolat de la presse

Fribourg: Centenaire des Sœurs de Saint Canisius

Fribourg, 12 juin 1998 (APIC) La congrégation de Sœurs de Saint Canisius et l’Oeuvre de Saint Canisius fêtent officiellement samedi le 100e anniversaire de leur fondation à Fribourg en 1898. Née à la fin d’une période où les catholiques durent lutter pour la défense de leur foi et de leurs libertés, l’Oeuvre Canisius a traversé le siècle avec toutes ses turbulences politiques, sociales et religieuses. 100 ans après la rencontre de l’abbé Johannes Evangelist Kleiser et de la jeune Maria Wellauer, l’Oeuvre entend bien poursuivre dans les deux voies ouvertes par les fondateurs: l’engagement social et l’apostolat de la presse.

Pour les Fribourgeois, l’Oeuvre Saint Canisius c’est le «Marienheim». Les plus anciens se souviennent de la maison de la Grand Rue, les plus jeunes connaissent l’imprimerie installée à l’Avenue de Beauregard, ou la librairie de la Place de la Gare. Les Sœurs de Saint Canisius font ainsi partie en quelque sorte du paysage de la ville de Fribourg. La plupart des Fribourgeois ignorent par contre que cette Œuvre, née au Stalden, a également émigrée au Brésil où elle a connu un développement important. Aujourd’hui, plus de la moitié des religieuses de la Congrégation sont brésiliennes.

Un centenaire est évidemment l’occasion de se pencher sur son passé. L’histoire de la congrégation n’est pas un long fleuve tranquille. Elle est pleine de péripéties et de rebondissements. Des débuts au Stalden au sortir des luttes religieuses du Kulturkampf, aux incertitudes actuelles en passant par les deux guerres mondiales, l’appel de la mission au Brésil et en Afrique ou encore les bouleversements du Concile Vatican II. Erich Camenzind s’est penché sur cette histoire pour en faire un récit d’une centaine de pages qui raconte les étapes principales et les perspectives d’avenir de l’Oeuvre saint Canisius.

Une jeune lingère thurgovienne et un prêtre allemand

Au départ il y a la rencontre de deux personnalités: Maria Wellauer, une jeune lingère thurgovienne venue à Fribourg pour apprendre le français et l’abbé Johannes Evangelist Kleiser, un prêtre d’origine allemande exilé à Fribourg. Leur enthousiasme conjugué va permettre la naissance d’une oeuvre qui dès son origine se donnera deux axes d’action, le service social auprès des jeunes bonnes de maison et l’apostolat de la presse.

L’abbé Kleiser est certes moins connu que son maître le fougeux chanoine Joseph Schorderet, fondateur de l’Oeuvre Saint Paul et créateur du quotidien «La Liberté». Il a néanmoins laissé un empreinte durable à Fribourg. Jeune prêtre, contraint de s’exiler d’Allemagne en 1873 à cause des lois anticléricales du «Kulturkampf», il rencontre le chanoine Schoderet à Fribourg, sur le tombeau de Pierre Canisius, le fondateur du Collège St-Michel. S’en suit alors un long compagnonnage à la paroisse St-Maurice en l’Auge et au sein de l’Oeuvre St-Paul qui durera jusqu’à la mort du chanoine Schorderet en 1893. Farouche partisan d’une ligne catholique intransigeante, défenseur rigoureux du pape, il prend ensuite ses distances avec l’œuvre Saint Paul dont la nouvelle direction lui apparaît trop libérale.

Un fruit tardif de l’apostolat de Johannes Kleiser

La fondation du «Marienheim» est un fruit tardif de l’apostolat du chanoine Kleiser. Elle découle de deux constats. Comme prêtre de langue allemande, il est très sensible à la situation sociale et religieuse des jeunes bonnes de maison alémaniques ou allemandes placées dans les familles bourgeoises de la ville. Convaincu depuis très jeune de l’importance de la presse comme moyen d’apostolat, il a besoin, après sa séparation d’avec l’Oeuvre Saint-Paul, d’un outil de fabrication et de diffusion. Il entend en particulier développer la vénération envers Pierre Canisius, le «second apôtre de l’Allemagne» mort à Fribourg en 1597 et en qui il voit un grand modèle de vie chrétienne et d’apostolat.

L’abbé Kleiser trouve alors en Maria Wellauer, suivie plus tard de plusieurs jeunes membre de la congrégation mariale des bonnes de maisons alémaniques, les collaboratrices dont il a besoin. D’une modeste chambrette du Stalden, le «Marienheim» devient assez rapidement une véritable entreprise de presse doublée d’un foyer d’accueil de jeunes filles.

Ces deux piliers existent toujours. A la place du Marienheim, les Sœurs tiennent aujourd’hui le foyer «St-Canisius» où habitent notamment des étudiantes et des femmes seules. Quant à l’apostolat de la presse, il subsiste à travers l’imprimerie, les éditions et les librairies. Au Brésil, où les Sœurs de Saint Canisius ont débarqué en 1951, la congrégation a élargi son engagement aux domaines scolaire, sanitaire, social et pastoral.

Vieillissement et diminution du nombre de membres

Le vieillissement et la forte diminution des membres constitue aujourd’hui le principal souci de la Communauté. Les Sœurs brésiliennes sont plus nombreuses que les Européennes. Dès 1992 la congrégation s’est donc mise à la recherche de voies nouvelles pour répondre aux défis de son second siècle d’existence. L’idée de s’associer des membres laïcs pour son apostolat a été développé lors du chapitre général qui vient de s’achever. Il ne s’agit de trouver des «bouches-trous» mais de prendre pleinement conscience que «l’Eglise est le peuple de Dieu en marche», souligne l’actuelle supérieure Sr Juliana Gutzwiller. L’Eglise n’est pas une institution avec sa hiérarchie et ses professionnels, elle est une communauté de foi dans laquelle tous sont appelés à travailler. (apic/mp)

3 mai 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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