Frère Léo: sa mémoire restera gravée dans les rues de Neuchâtel
Figure neuchâteloise de soutien aux personnes fragilisées, Frère Léo est mort il y a dix ans. Avec l’accord des autorités, l’Aumônerie œcuménique de rue de Neuchâtel lui dédie une plaque commémorative dans l’espace public de la ville, inaugurée le 18 octobre 2017.
«Nous voulions qu’à côté d’illustres neuchâtelois – comme Jean Piaget ou Maurice Bavaud –, Frère Léo (Josef Egli) ait aussi une reconnaissance de mémoire dans notre ville, pour laquelle il a tant donné», explique Jean-Claude Zumwald, président de l’Association DORCAS. Ce dernier, entouré de toute l’équipe de l’Aumônerie de rue de Neuchâtel, a dès lors suggéré aux autorités communales la pose d’une plaque commémorative à l’effigie de Frère Léo.
«Cette plaque est une reconnaissance de l’engagement de Frère Léo au service des démunis, lequel a permis la création de l’aumônerie œcuménique, déclare Jean-Claude Zumwald. C’est aussi une reconnaissance pour l’action des Églises dans la cité». Le représentant de DORCAS insiste sur cette «figure d’unité» qu’incarnait Frère Léo. «Son action et ses valeurs évangéliques transcendaient toute appartenance confessionnelle. Et je crois que personne au sein de cette ville ne serait opposé à la pose d’une telle plaque.»
«Plus qu’une religion»
Parallèlement, l’Aumônerie œcuménique de rue de Neuchâtel, dans le dernier numéro de son le journal semestriel «Reflets de la Lanterne», a recueilli plusieurs témoignages afin de rendre hommage à son initiateur. «Frère Léo incarnait plus qu’une religion, il avait su créer avec ses valeurs altruistes un monde de solidarité et d’entraide pour le bien de tous», écrit une collaboratrice dans le Groupe Sida Neuchâtel.
«Les pauvres sont nos maîtres!»
«Tu accueillais chez toi bon nombre de laissés-pour-compte, de personnes blessées que la société abandonnait dans les marges», témoigne Yves Conne, animateur bénévole, en ajoutant: «Tu m’as dit un jour: ‘Les pauvres sont nos maîtres!’.
Une écoute avant tout
Plusieurs personnes retiennent notamment une belle qualité d’écoute de la part de l’aumônier. Une écoute «avant tout», qui permettait aux interlocuteurs de pouvoir «vider leur sac et leurs souffrances». Ils redevenaient vivants et se sentaient exister pour quelqu’un. Une espérance en eux-mêmes leur était redonnée.
L’inauguration de la plaque a lieu mercredi 18 octobre 2017, entre 17h30 et 19h, sur la place voisine au local de l’Association, à la rue Fleury 5, à Neuchâtel. Discours, musique et vin d’honneur qui marquent l’événement, sont placés sous le patronage de la ville. Le local «la Lanterne» est ouvert selon l’horaire habituel, afin de permettre aux bénéficiaires de l’établissement d’être associés à la fête. (cath.ch/gr)
Frère Léo
Né à Gunzwil (LU) en 1931, Josef Egli vient apprendre le français à 16 ans à l’Institut catholique de Neuchâtel. Il y découvre sa vocation: être Frère des Écoles chrétiennes.
Une congrégation laïc masculine qui a été fondée à Reims par Jean-Baptiste de La Salle en 1680. Elle a pour but est d’assurer une éducation humaine et chrétienne aux jeunes, spécialement aux pauvres.
C’est dans ce même Institut que Léo enseignera entre 1952 et 1972. De retour à Neuchâtel en 1988, il est engagé comme aumônier des prisons et depuis 1997, il devient très actif comme aumônier de rue, auprès des toxicomanes, des ex-prisonniers et des mal-aimés en tout genre. Il meurt le 1er février 2007.
L’association DORCAS
L’Association Dorcas a pour but de gérer l’Aumônerie de rue en Ville de Neuchâtel. Elle dépend des trois Eglises reconnues du canton – catholique romaine, catholique chrétienne et réformée – avec lesquelles une Convention a été signée et qui financent le salaire de l’aumônier. Celui-ci travaille en partenariat avec le réseau médico-social existant. Sa mission consiste à s’approcher des plus démunis de la société, à leur offrir une présence au nom de l’Evangile et à leur apporter une aide tant spirituelle que matérielle.
L’Association a loué un local à la rue Fleury 5, appelé «la Lanterne», où peuvent être accueillis les gens de la rue deux fois par semaine. Une équipe de bénévoles prend en charge l’accueil à proprement parler en proposant aux bénéficiaires la possibilité de se restaurer avec de petites collations. Pour les personnes qui le désirent, l’aumônier, secondé par un animateur-bénévole, est présent pour des temps de prières et d’entretiens individuels. Ces derniers peuvent avoir lieu dans la rue ou dans les bistrots, selon les circonstances.
Des visites se font également à domicile, dans les hôpitaux ou les prisons. Les personnes qui s’adresseront à ce service de manière ponctuelle ou régulière selon le besoin, trouveront écoute, soutien et réconfort. Un fort moment de partage pour rompre la solitude, retrouver courage ou tout simplement un peu de chaleur humaine. (cath.ch/com/gr)