Frère François Huot: «L'Avent est l'attente d'un nouvel être»
«J’aime beaucoup le temps de l’Avent, parce qu’il est le temps de l’espérance», assure le Frère bénédictin François Huot. Le gardien de l’ermitage de Longeborgne (VS) explique ce que signifie pour lui cette période particulière de l’année.
Le Frère François réside depuis dix ans dans l’ermitage situé au-dessus du village de Bramois. Le lieu est un pèlerinage important du Valais central. Depuis au moins le début du 16e siècle, les pèlerins y montent pour y confier leurs joies et leurs peines à Notre-Dame de Compassion et à saint Antoine de Padoue. Le moine bénédictin garde les lieux, été comme hiver, et accueille les dizaines de milliers de pèlerins qui gravissent l’étroit sentier jusqu’à la chapelle creusée dans le rocher, dont des couples dans l’attente d’un enfant.
Comment ressentez-vous la dimension spirituelle de l’Avent?
L’Avent, je le vois comme une vie qui commence, cachée comme un enfant dans le sein de sa mère. C’est une lumière qui se lève et qu’on ne voit encore qu’en espérance dans la certitude de notre foi.
Mais c’est plus qu’une lumière: c’est LA lumière du monde, cachée dans le sein de la Vierge Marie. Dieu, en Marie, est ainsi déjà présent au milieu de nous. A nous donc de le découvrir, d’avoir conscience du mystère qui s’accomplit. Il s’agit d’ouvrir les oreilles au secret qu’il chuchote à notre cœur, pour nous demander de nous préparer à l’accueillir.
Et il ne faut pas oublier que c’est aussi un temps de préparation au retour du Christ. Jésus, encore totalement in-fans – qui ne peut parler – est déjà Parole du Père dans son silence et plein de l’Esprit Saint. Il vient jusqu’à nous pour nous ramener au Père, pour hâter le jour de son dernier Avènement où, ayant accompli en lui les prophéties de la première Alliance et s’étant soumis toutes choses, il se soumettra au Père, pour nous prendre dans l’Alliance éternelle et nous immerger pour toujours dans la vie de Dieu.
Au niveau personnel, comment vivez-vous ce temps à Longeborgne?
J’aime beaucoup le temps de l’Avent, parce qu’il est le temps de l’espérance. Il commence un cycle liturgique nouveau, comme les années qui se succèdent, et nous offre la chance d’un renouvellement de ferveur. J’aime l’Avent parce qu’il est l’attente d’un nouvel être, et pas n’importe lequel! C’est le Fils de Dieu qui mendie en Marie notre chair et se fait tout proche, l’un de nous. J’aime le temps de l’Avent aussi parce que c’est le temps de Marie, qui vit l’aventure de Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces, pour nous donner le Sauveur du monde.
Justement, en tant que sanctuaire marial, l’Avent implique-t-il une dévotion particulière?
A Longeborgne, nous avons deux messes le jour de l’Immaculée Conception, le 8 décembre, avec la récitation du chapelet avant la cérémonie. Ce qui est peut-être plus propre au lieu, en raison du sanctuaire dédié à Notre-Dame de Compassion, c’est la célébration de messes votives en l’honneur de la Vierge Marie pendant l’Avent, débordant les rubriques du missel, pour donner plus de relief à la liturgie de l’Avent, qui certes est toute remplie de la présence de Marie dans les événements qui précèdent la Nativité du Seigneur.
Avec toute l’Eglise, nous vivons de toute façon l’Avent comme un temps particulièrement marial. La solennité de l’Immaculée Conception projette sur toute cette période la lumière de la grâce initiale de Marie qui va s’épanouissant tout le long de la vie de Jésus.
Le lieu de pèlerinage accueille-t-il plus de monde en cette période?
La messe de minuit, le soir du 24 décembre, attire plus de pèlerins que les autres dimanches et fêtes, parce que, célébrée dans une grotte, le lieu évoque davantage le mystère de Bethléem.
Mais je voudrais dire que là n’est pas l’important. Ce qui compte, c’est d’être conscient du don que Dieu nous fait dans le Sauveur: la présence de son salut dans notre monde d’aujourd’hui. Encore caché et silencieux, mais porté jour après jour vers son épanouissement final. (cath.ch/rz)