«Sans fraternité entre les prêtres il y a trahison», affirme le pape François, à Gênes
Les prêtres doivent approfondir la fraternité entre eux, car c’est une richesse sans laquelle il y a trahison, a lancé le pape François le 27 mai 2017 devant le clergé, les séminaristes et les religieux de la région de Ligurie, réunis dans la cathédrale Saint-Laurent de Gênes avec des représentants d’autres religions.
Arrivé dans l’édifice religieux aux alentours de 10h après un trajet en papamobile, le pape François a commencé par demander un moment de prière et de recueillement pour le victimes de l’attentat contre les chrétiens qui a fait au moins 29 morts, la veille en Egypte. Les martyrs sont plus nombreux aujourd’hui qu’aux temps antiques, a-t-il souligné.
Comme avec les ouvriers plus tôt dans la matinée, le pontife a préféré répondre à des questions sur le ton d’une causerie, plutôt que de prononcer un discours écrit à l’avance. Assis derrière une petite table et muni seulement de quelques notes, le pape, très détendu, a répondu familièrement aux interrogations des prêtres et des religieuses. Ne manquant pas de placer ça et là un trait d’humour ou un proverbe qui ont réjoui l’assemblée.
Dans la cathédrale de Gênes, le pape a invité les prêtres à développer la fraternité entre eux : c’est une richesse car elle ouvre le cœur. Cette attitude, qui est un travail de tous les jours, n’est pas entrée assez profondément dans le cœur des prêtres, a-t-il regretté. Et quand la fraternité vient à manquer entre les prêtres, il y a trahison: on vend le frère, on écorche le frère, à l’image du diable.
«Nous sommes les disciples du Seigneur, nous devons nous aider les uns les autres», a lancé le pape François, même si cela peut parfois susciter des disputes. Il ne faut pas avoir peur de ces discussions, car elles prouvent qu’il y a liberté, amour, fraternité.
Craindre une «vie statique»
En tant que pasteurs, a ajouté le pape, notre plus grande peur doit être celle d’une vie statique, dans laquelle tout est organisé, structuré. Car une telle vie est fermée à la joie de la surprise de la rencontre avec Dieu. Au contraire, il faut être en chemin, à l’image du Christ qui était parmi la foule.
Le pasteur ne doit pas défendre sa propre tranquillité, car rencontrer les gens fatigue toujours : le prêtre qui mène une vie de rencontre, avec le Seigneur et les gens, finit sa journée éreinté. Mais cette fatigue ne doit pas être crainte, au contraire : elle est sainteté, s’il y a toujours la prière.
Quant aux religieux, le successeur de Pierre les a invités à vivre leur charisme «dans la diocésanité», c’est-à-dire en l’incarnant dans un lieu concret, le diocèse. En effet, a-t-il estimé, celui-ci est le reflet du visage du peuple de Dieu. Autre caractéristique du consacré: la disponibilité pour aller là ou il y a le plus de risques, le plus de nécessités, c’est-à-dire aux périphéries.
La «traite des novices»
Enfin, interrogé sur la crise des vocations, le pape François a estimé qu’elle était transversale, touchant toutes les vocations, y compris matrimoniale. Il faut donc réfléchir à des solutions, sans sombrer dans des réponses réductrices, a-t-il souligné en condamnant fermement la «traite des novices»: ces congrégations qui, face à la chute des postulants, partaient dans des pays du tiers-monde recruter des jeunes qui n’avaient pas vraiment la vocation.
Après ce moment d’échange, le pape va à la rencontre des jeunes du diocèse, réunis au sanctuaire Notre-Dame della Guardia (de la Garde), situé à l’extérieur de Gênes, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest du centre-ville. (cath.ch/imedia/xln/mp)