François transmet ses encouragements aux catholiques vietnamiens
Dans une lettre adressée «à la communauté catholique du Vietnam», le pape François les encourage à être des «fidèles croyants, responsables et crédibles». Dans ce courrier rendu public le 29 septembre 2023, le pape se réjouit de l’amélioration récente des relations entre le Saint-Siège et le gouvernement, qui permet de «chercher ensemble la meilleure voie à suivre pour le bien du peuple vietnamien et de l’Église».
Cette lettre a été rédigée quelques jours après les déclarations faites par le pape le 4 septembre lors du vol retour de son voyage en Mongolie, où il avait pu célébrer la messe devant une importante délégation de catholiques vietnamiens. Le pape avait notamment estimé qu’il y aurait «sûrement» un voyage au Vietnam dans les années à venir, mais qu’il serait probablement effectué par «Jean XXIV» – le nom qu’il imagine pour son successeur.
Le pape avait aussi salué le «dialogue très ouvert» qui existe entre le Saint-Siège et le pays du sud-est asiatique. L’amélioration de ces relations, avait-il encore affirmé, est «une des expériences très belles faite par l’Église dernièrement».
Dans sa lettre, le pontife détaille ce long processus de rapprochement et salue en particulier la visite au Vatican, le 27 juillet dernier, du président de la République socialiste du Vietnam, Vo Van Thuong. Cette dernière, affirme-t-il, «revêt une importance particulière dans le processus de consolidation des relations» entre leurs deux pays.
Lors de cette rencontre avait été annoncée l’installation d’un représentant permanent du Saint-Siège au Vietnam, en l’absence, pour le moment, d’un nonce apostolique et de relations diplomatiques officielles. Dans sa lettre, le pontife partage son espoir «que le représentant pontifical soit un pont pour faire avancer les relations mutuelles».
Un rapprochement après des années de confrontation
Cette visite officielle est une percée significative dans les relations entre le Saint-Siège et le Vietnam, pays doté d’un régime communiste qui avait exercé une répression sévère des activités de l’Église après la prise de Saïgon en 1975. L’Église catholique était alors associée, dans l’esprit des leaders communistes, à l’ancien régime du président Ngô Dinh Diêm, au pouvoir de 1955 à 1963. Cet allié des États-Unis était lui-même un catholique de sensibilité traditionaliste.
Mgr François-Xavier Nguyen Van Thuân, archevêque coadjuteur de Saïgon et neveu de l’ancien président Diêm, fut ainsi emprisonné de 1975 à 1988, avant de se réfugier à Rome sous la protection de Jean-Paul II, qui en fit un cardinal en 2001.
Depuis les années 1990, après la chute des régimes communistes en Europe, le gouvernement vietnamien a assoupli ses positions et les contacts avec le Saint-Siège ont été relancés. L’une des préoccupations du gouvernement était de se ménager des appuis internationaux, notamment en Occident, face à la montée en puissance de la République populaire de Chine, proche idéologiquement mais rivale sur le plan géopolitique.
Sans établir de relations diplomatiques formelles, des accords ont pu être établis entre le Vietnam et le Saint-Siège pour assurer la continuité de la hiérarchie épiscopale et relancer les activités de l’Église catholique locale, qui a connu un spectaculaire rebond des vocations sacerdotales et religieuses depuis le début des années 2000. Un des grands artisans de ce rapprochement est l’actuel secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin.
De «bons chrétiens et de bons citoyens»
Les fidèles catholiques du Vietnam, insiste le pape dans sa lettre, peuvent réaliser pleinement leur identité en étant des «fidèles croyants, responsables et crédibles» ou encore de «bons chrétiens et de bons citoyens». Cette dernière formule a été employée récemment par le pape lors de son voyage en Mongolie, mais cette fois-ci adressée aux catholiques de Chine présent lors de la messe à Oulan-Bator.
Comme pour la Chine, on peut voir dans cette insistance le désir profond du Saint-Siège de changer de paradigme dans son rapport avec les grandes nations socialistes. Il s’agit pour eux de passer d’une logique de confrontation – entre un pouvoir héritier de l’athéisme d’État promu par la doctrine marxiste et une religion perçue comme alignée sur les États-Unis – à un dialogue respectueux permettant de favoriser la présence ecclésiale.
Dans son courrier, le pape François juge d’ailleurs que les conditions «favorables à l’exercice de la liberté religieuse» au Vietnam doivent permettre aux catholiques vietnamiens de «promouvoir le dialogue et susciter l’espérance» dans leur pays. Il souligne l’importance de leur engagement caritatif «auprès des plus faibles et des plus nécessiteux», notamment pendant la pandémie. Ces actes de charité, affirme-t-il, sont un «ferment» de développement pour «participer à la construction du bien commun, dans toutes les sphères de la vie sociale» vietnamienne.
Dans la fin du courrier, le pontife bénit le peuple vietnamien et sa communauté catholique. Il les place en particulier sous la protection de Notre-Dame de La Vang, du nom du grand sanctuaire marial du pays où la mère du Christ serait apparue en 1798 à des paysans catholiques fuyant les persécutions de l’empereur Can Trinh. (cath.ch/imedia/cd/gr)