François, pape depuis cinq ans (4/5): des critiques
Le parcours du pape n’a rien d’un long fleuve tranquille. Courageux, voire téméraire, il n’hésite pas à pointer les difficultés de l’Eglise catholique, ce qui l’expose aux critiques sur sa méthode et ouvre des débats clivants dans les rangs catholiques.
Le pontificat du pape François comporte, aux yeux des observateurs, de nombreux points forts, vécus comme des avancées dans l’Eglise héritière du concile Vatican II. Mais certains évoquent sans détours la face sombre des décisions pontificales. Pointage sur les points faibles ou les éléments à améliorer de son pontificat, avec les quatre personnalités romandes qui ont répondu à cath.ch
Christophe Büchi:
«Le point faible à mon avis: j’ai l’impression que le pape François est assez seul. Des points à améliorer? Je suis tenté de répondre: qui suis-je pour donner des conseils au pape? Mais j’ai une interrogation: le pape écoute-t-il suffisamment ceux et celles qui, à tort ou à raison, sont inquiétés par ce qu’ils considèrent comme un changement de cap dans la conduite de l’Eglise?
Je pense aussi qu’en mettant l’accent sur ‘l’option pour les pauvres’ et en prenant des positions prophétiques, donc très entières et très exigeantes, par exemple dans la question des migrants, il n’a peut-être pas suffisamment pris en compte les angoisses crées dans les sociétés appelées à accueillir ces migrants. D’où un malaise qu’il s’agit de dissiper, ce qui demande de la bonne volonté à tout le monde.»
«Ecoute-t-il suffisamment ceux qui sont inquiétés par le changement de cap dans la conduite de l’Eglise?»
Madeleine Duc-Jordan:
«La lenteur des réformes dans l’Eglise pèse sur de nombreux chrétiens engagés et provoque des découragements. Les difficultés à mettre en place une pastorale du mariage et des divorcés remariés ou l’ordination d’hommes mariés ont aussi été évoquées dans les préoccupations du pape François.
Mais le poids de la critique donne également le rythme des réformes et des changements. Des lueurs d’espérance sont apparues pendant le début de son pontificat sur l’évolution du rôle des femmes dans l’Eglise et leur place dans les lieux de décisions. Parfois nous rêvons de plus de détermination, d’un peu plus de démocratie.»
Denis Müller:
«La tâche est bien assez lourde comme cela et l’homme n’a pas besoin de tels conseils, fussent-ils protestants.
J’aimerais lui demander s’il ne trouve pas trop frileux et coincés les théologiens catholiques et si une grande réforme des études de théologie ne devrait pas être effectuée urbi et orbi.
Enfin, je serais curieux de connaître son avis sur un aggionarmento des vêtements et des rites ecclésiastiques, compte tendu de l’arrivée des femmes dans le secteur.
Abbé Pascal Desthieux:
«Je ne vois pas vraiment de points faibles. Comme sa responsabilité première est de présider à la charité, de veiller à la communion de toute l’Eglise, je l’inviterais à écouter ceux qui ne pensent pas comme lui – il le fait certainement – et à essayer de les rejoindre pour que l’Eglise ne se déchire pas.» (cat.ch/bl)