François, pape depuis cinq ans (2/5): des moments forts
Le pape crée l’événement. A Rome, en voyage, avec les pauvres, il apporte un souffle nouveau. Dans le sillage de celui qui fut désigné comme la personnalité 2013 du magazine américain Time, il reste des gestes forts et des images marquantes.
Nos quatre personnalités romandes ont été invitées à repérer les moments forts des cinq ans du pontificat du pape François, entre 2013 et 2018.
Christophe Büchi:
«Le moment le plus fort, pour moi, ce furent les cinq premières minutes du pontificat lorsque le nouveau pape s’est adressé aux fidèles attendant sous la pluie par un sobre ‘buona sera!’ Le ton était donné, un ton nouveau, inouï. En se présentant ensuite non comme le nouveau pape, mais comme le nouvel évêque de Rome, François a posé son programme de gouvernement.
Un autre moment fort fut cette réponse donnée à un journaliste interrogeant le pape sur les homosexuels: ‘Qui suis-je pour juger …?’ En n’opposant pas à un principe un autre principe, mais en déplaçant le débat, le Pape François a montré qu’il n’est pas jésuite pour rien.»
Madeleine Duc-Jordan:
«Ils sont très nombreux ces moments où l’émotion et l’émerveillement m’ont atteinte. Moment fort, lorsqu›il apparaissait sur le balcon du Vatican avec son ‘Buona sera’, sa demande de bénédiction par la foule de Rome, avant de donner la sienne, et enfin sa prière pour son prédécesseur Benoît XVI.
Moment fort et acte courageux à Lampedusa avec les migrants. Moments forts, quelques actes symboliques: ses voyages serviette sous le bras, ses conférences de presse improvisées, la bénédiction d’un mariage en plein vol… Pour moi, ce sont des actes forts enracinés dans une vraie pastorale de proximité.
Moment fort encore et rempli d’espérance que son déplacement en Suède pour les célébrations du 500e de la Réforme protestante en octobre 2016. Il nous démontre sa détermination à poursuivre sur le chemin de l’unité.»
Denis Müller:
«Au plan politique et théologique, la tentative encore inachevée de réforme de la Curie; dans le domaine moral, la manière de vouloir répondre au défi pédophile. Sur la question de la famille, il est difficile de savoir ce qui va advenir. Les conclusions du Synode sur la famille sont-elles aussi claires et cohérentes qu’on a pu le dire ad intra?
Sur la place de la femme, l’attitude reste assez traditionnelle, rien n’est dit du mariage des prêtres et de la prêtrise des femmes, thèmes qui vont forcément ensemble et ne sauraient par conséquent être saucissonnés. Par contre, j’admire la résistance du pape au prêt-à-penser au sujet du mariage homosexuel. Sur le point, les critiques protestantes demeurent conformistes, se contentant de suivre l’esprit du temps.»
Abbé Pascal Desthieux:
«Cela a commencé par le tout premier moment, où il s’est présenté sur la place St-Pierre, quand il s’est mis à genoux en demandant aux fidèles de Rome la prière pour leur nouvel évêque. Le choix de son premier déplacement a été très symbolique: il s’est rendu sur l’île de Lampedusa en juillet 2013 et s’est recueilli à la mémoire de tous les migrants morts pendant la traversée.
Autre moment fort, les célébrations du jeudi Saint: il a délaissé les ors de la cathédrale du Latran pour se rendre dans des prisons (2013, 2015 et 2017), un dispensaire pour personnes âgées et handicapées (2014) ou un centre d’accueil pour réfugiés (2016). Il a lavé les pieds des prisonniers, des personnes âgées, des réfugiés, hommes et femmes!
Un moment marquant pour l’œcuménisme est sa participation à l’ouverture du jubilé du cinquième centenaire de la Réforme en Suède, fin 2016.
On pourrait en citer beaucoup d’autres. Un moment fort qui restera de son pontificat est l’Année sainte de la Miséricorde, où il a invité toute l’Eglise, et spécialement ses responsables, à une conversion vers un accueil miséricordieux et compatissant. A nous d’être toujours plus ›miséricordieux comme le Père’.» (cath.ch/bl)