François, pape depuis cinq ans (1/5): «Un grand cadeau de Dieu»
Depuis cinq ans, un homme neuf est installé sur le trône de Pierre, à Rome. Depuis le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio surprend, bouscule, fait réagir. Quatre personnalités romandes donnent (entre le 4 et le 9 mars 2018) leur avis sur ces cinq ans de pontificat qui ont changé l’image de l’Eglise catholique.
Pour la première intervention de nos interlocuteurs, nous leur avons demandé leur opinion générale sur les cinq ans de pontificat du pape François, entre 2013 et 2018.
Christophe Büchi:
«Ce pontificat me semble faire partie des surprises miraculeuses dont l’histoire de l’Eglise n’est pas pauvre. Qu’après un professeur de théologie allemand, le conclave fasse accéder un pasteur argentin sur le ‘trône’ de Saint-Pierre, montre que dans l’histoire de l’Eglise, une subtile dialectique porteuse de basculements inattendus est à l’œuvre. Ma foi, l’Esprit souffle où et quand il veut! Pour le dire d’une façon plus prosaïque: je suis infiniment reconnaissant pour ces cinq ans de pontificat placés sous le thème de la charité et de la réalité humaine contemporaine.»
Madeleine Duc-Jordan:
«Je suis admirative et reconnaissante. Notre pape apporte une profonde réforme des institutions au sommet de l’Eglise universelle et également dans la manière d’assumer la fonction pontificale. L’Eglise de Rome peut être fière et heureuse d’avoir à sa tête un homme d’une pareille intelligence et de tous les combats.»
Denis Müller:
«C’est indéniablement un temps de renouvellement, mais sans qu’on puisse savoir si les réformes envisagées seront conduites à terme ou seulement esquissées. Le courage du pape force l’admiration. Les critiques internes semblent lourdes et inquiétantes, de la part des conservateurs et des traditionalistes.
En même temps, on peut constater une certaine tendance à surinterpréter les volontés de changement de Jorge Mario Bergoglio. Le pape est idéalisé – ce n’est pas nouveau dans le catholicisme – mais ici l’insistance sur sa personnalité ‘douce’ ferait oublier son côté autoritaire ainsi que l’ambiguïté même de toute figure pontificale.»
«Il est super, votre pape», dit un musulman
Abbé Pascal Desthieux:
«François est un grand cadeau de Dieu pour l’Eglise catholique. Avec un langage simple et accessible, il conduit l’Eglise selon une vision claire qu’il a présentée dans son exhortation La joie de l’Evangile. Il parle surtout par son exemple.
Il fait ce qu’il dit, en choisissant par exemple d’habiter à la maison d’accueil Sainte-Marthe avec un mode de vie simple. Le pape touche de nombreuses personnes, même non catholiques. Un musulman me disait l’autre jour: ‘Il est super votre pape!’.
Il me semble que l’on grossit un peu trop les tensions autour du pape François. Les cardinaux l’ont choisi il y a cinq ans en connaissance de cause, en appréciant sa volonté de mettre l’Eglise ‘en sortie’ et en lui demandant de réformer la Curie romaine. Cette réforme est en cours, par un long processus, mais le pape jésuite a bien compris qu’il ne s’agissait pas de simplement réformer les structures, ce qui ne sert à rien si de ‘mauvaises habitudes’ persistent. Voilà pourquoi il entraîne tous ses collaborateurs dans de véritables ‘exercices spirituels’, en les exhortant lors des vœux de Noël à la Curie, ou en les emmenant en dehors du Vatican pour une semaine de retraite spirituelle pendant le carême.» (cath.ch/bl)