François, heureux comme un pape sur son continent natal
Asuncion, 13.07.15 (cath.ch-apic) C’est un voyage particulier qui s’achève pour le pape François. Particulier par sa densité – huit jours, trois pays, sept avions -, mais aussi par sa destination. C’est la première fois que le pape argentin dédiait un voyage à son continent natal, l’Amérique latine, après les JMJ de juillet 2013 à Rio de Janeiro, programmées par son prédécesseur.
Le pape François a même survolé, le temps d’une minute, l’Argentine, comme un clin d’œil à sa patrie d’origine, au cours du vol entre Santa Cruz, en Bolivie, et Asuncion au Paraguay. La présidente argentine Cristina Kirchner s’est d’ailleurs déplacée pour venir le saluer lors de la dernière messe massive au Paraguay, tout comme des milliers d’Argentins, au sanctuaire marial de Caacupé, dans le pays.
Dévotion à la Vierge Marie
En Equateur, en Bolivie comme au Paraguay, jamais le pape François n’a semblé aussi à l’aise, arborant un large sourire. Buvant du maté cocido, boisson typique du sous-continent latino-américain, et parlant la même langue que son auditoire. Il a d’ailleurs à plusieurs reprises assuré qu’il se sentait à la maison. En Bolivie, le pape de 78 ans – qui a subi une ablation d’une partie d’un poumon à 21 ans – a surpris son entourage, n’ayant aucune peine à prononcer son discours, malgré une altitude de plus de 4’000 mètres pouvant provoquer des troubles respiratoires.
Cette familiarité avec le sous-continent américain s’est aussi exprimée par sa propre dévotion à la Vierge Marie, particulièrement vénérée par le peuple latino-américain. Au sanctuaire marial de Caacupé, au Paraguay, le pape argentin est apparu particulièrement ému devant la statue de la Vierge des Miracles. Alors qu’il était encore archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio avait dédié de nombreuses paroisses, dans les villas miserias de la capitale argentine, à cette Vierge.
Petits gestes, paroles fortes
Ce sont aussi de nombreux gestes symboliques que l’on retiendra de ce voyage, auprès des personnes âgées dans une maison de retraite de Quito, des prisonniers de Santa Cruz en Bolivie, des enfants malades d’un hôpital pédiatrique, ou encore des personnes démunies du quartier de Banado Norte, au Paraguay. Tout au long du périple, le pape François a une fois de plus manifesté sa tendresse et son amour pour les enfants – une tendresse réciproque. A son arrivée en Equateur, le pape a ainsi fait s’avancer vers lui des enfants indigènes vêtus d’habits traditionnels pour les prendre un à un dans ses bras. A la prison de Santa Cruz en Bolivie, où vivent des familles entières, il a pris le temps d’embrasser les enfants et nouveau-nés des détenus et de les bénir. Au Paraguay, c’est une dizaine de jeunes choristes venu chanter pour lui, à l’aéroport international, qui ont littéralement couru dans ses bras. A la sortie de l’hôpital pédiatrique, c’est encore un petit garçon qui le serrait fort contre lui, ne semblant pas vouloir s’en détacher tout au long de son discours.
D’autres images, plus amusantes ou étonnantes, auront illustré ce voyage: en Equateur, sa chasuble aux motifs indigènes; en Bolivie, le crucifix en forme de faucille et marteau offert par Evo Morales, ses divers couvre-chefs (casque,sombrero…), ou encore le restaurant Burger King El Cristo transformé en sacristie; au Paraguay, l’usage de la Peugeot 405 blanche utilisée par Jean-Paul II en 1988.
Au-delà des gestes, de grands discours ont aussi ponctué ce voyage. Aux catholiques latino-américains, le pape François a notamment lancé un appel à une vraie révolution, selon ses propres mots, en vivant concrètement l’Evangile qu’ils annoncent. Demandant de toujours choisir l’inclusion plutôt que l’exclusion, dans des pays multiethniques, le pape a aussi appelé l’Amérique latine à l’unité, pour éviter tout nouveau conflit fratricide. Il a aussi mis en garde contre des idéologies ayant une relation maladive avec les pauvres, qui font tout pour eux, mais rien avec eux, tout en s’élevant contre une économie qui tue, sans visage et esclave de l’idole-argent, appelant à un vrai changement de système.
Une occasion, pour le pape, de faire le lien avec sa toute récente encyclique Laudato Si’, dont il n’a cessé de résumer le message principal tout au long du périple, à savoir une écologie intégrale, qui ne peut prétendre protéger la nature sans prendre en compte le développement humain.
C’est sans doute avec un peu de nostalgie que le pape rentre à Rome, mais aussi satisfait de pouvoir se reposer après un vrai tour de force. (apic/imedia/bl/mp)