France: mort de Claude Langlois, historien des religions
Bernard Hallet avec La Croix
Né à Puteaux le 18 juin 1937, Claude Langlois a grandi en Normandie avant d’être envoyé en pensionnat pendant la Seconde Guerre mondiale. Fils d’artisan, il s’est imposé comme «un pur produit de l’école républicaine», dit de lui un proche. Agrégé en 1963, enseignant au Mali durant deux années de coopération (1965-1966), il est chercheur au CNRS dès 1968. Il a enseigné à Paris 12-Créteil (1972-1984), à l’université de Rouen (1985-1993), avant d’être nommé directeur des études à l’Ecole pratique des Hautes études (1993-2005), dont il a inaugurée en 1993 la première chaire d’histoire et de sociologie du catholicisme contemporain. Il sera notamment doyen de la section des sciences religieuses de 1995 à 2002.
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Travailleur acharné, il a passé une première thèse sur le diocèse de Vannes (Morbihan) au XIXe siècle, alors que sa thèse d’État porte sur «les congrégations féminines à l’époque contemporaine», rendue accessible sous le titre Le Catholicisme au féminin, préfacé par René Rémond (Cerf, 1984). Spécialiste de la place des femmes dans l’Église catholique, il a développé ses recherches sur le genre et la religion, notamment avec un ouvrage important dans sa bibliographie (Le Crime d’Onan, Les Belles Lettres, 2005). Claude Langlois s’est aussi intéressé à Thérèse de Lisieux, en dépit du scepticisme du milieu universitaire. Madeleine Delbrêl est une autre figure qui a occupé l’historien et sociologue jusque très récemment encore.
À l’issue de la publication du rapport sur L’Enseignement du fait religieux établi en 2002, Claude Langlois a été cofondateur avec Régis Debray de l’Institut européen de science religieuse. Ses derniers travaux ont porté sur la pédophilie dans l’Église de la Révolution à nos jours, recherches qu’il a été seul à mener jusqu’alors, publiées sous le titre On savait, mais quoi? (Seuil, 2020). (cath.ch/lc/bh)