France: la PMA pour toutes les femmes cause l'inquiétude des évêques
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes – aussi pour les couples de lesbiennes et les femmes célibataires – a été adoptée dans la nuit du 29 au 30 juillet 2020 par l’Assemblée nationale. Les évêques français sont inquiets en raison de dispositions bouleversant le droit de la filiation.
Le texte adopté par la chambre basse du Parlement français, soutenu par La République en Marche (LREM) et par des élus de gauche, doit encore passer devant le Sénat. Les travaux parlementaires ne seront donc probablement pas achevés cette année.
«La dignité de la procréation»
Sa disposition la plus controversée est l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes, alors que cette procédure était jusqu’à présent réservée aux couples hétérosexuels. Le critère médical d’infertilité est donc aboli; la Sécurité sociale prendra en charge ces démarches.
Depuis plusieurs années, les évêques de France s’inquiètent de la tournure que prend la révision de la loi bioéthique. Dans une déclaration signée par tous les évêques de France, intitulée La dignité de la procréation et publiée en septembre 2018, ils rappellent la valeur de la procréation: «acte profondément et spécifiquement humain dont la manipulation entamerait gravement la valeur de fraternité qui fonde le pacte social en notre société».
L’épiscopat français a ainsi développé de nombreuses réflexions durant la phase de débat sur ce projet de loi dont le passage au Parlement avait été retardé en raison de la pandémie de coronavirus. Il a réagi samedi soir 1er août 2020 par un texte de Mgr Pierre d’Ornellas, responsable du groupe de travail bioéthique de la Conférence des évêques de France (CEF).
L’archevêque de Rennes se demande si la révision de cette loi va dans «le sens de l’histoire». «Le projet de loi relatif à la bioéthique a été voté au creux de cette nuit ! Il veut instituer un nouveau mode de filiation en effaçant totalement le père dès la conception», relève-t-il.
Les députés n’ont pas à «légiférer sur l’amour !»
Au cours des débats, il a été plaidé que ce projet de loi concernait l’amour dans la famille. «Mais les députés n’ont pas à s’immiscer dans cet intime et à légiférer sur l’amour! Ils ont mission d’établir le droit à partir du respect de la dignité humaine et des valeurs éthiques qui en découlent, dont la protection du plus faible».
Par leur vote, les députés ont cherché un «équilibre», poursuit-il, mais «peut-on parler d’’équilibre’ quand ce projet interdit de fait à des enfants d’avoir un père, et suscite en pratique une discrimination injuste entre eux ?»
Mgr d’Ornellas doute que les députés soient allés «dans le sens de l’histoire». «Leur vote n’est-il pas guidé par une certaine myopie ?», se demande-t-il ? Et soulignant que notre planète si malmenée nous impose d’urgence un virage écologique, il relève que l’usage excessif de techniques sur l’être humain nous obligera certainement à prendre un virage, «celui de l’écologie humaine». «Tout est lié dans le respect du vivant, qu’il appartienne à la nature ou qu’il soit humain. Ne ratons pas le sens de l’histoire !» (cath.ch/cef/com/be)