France: la Fraternité spirituelle des Veilleurs fête cent ans

Fondée le 20 avril 1923, la Fraternité spirituelle des Veilleurs est une communauté de prière au sein du protestantisme français. Initiée à Paris par Wilfred Monod, pasteur à l’Oratoire du Louvre, et son fils Théodore, cette fraternité a d’abord été appelée «Tiers-ordre des Veilleurs».

Les fondateurs s’inspirent du «tiers ordre laïque» de François d’Assise. Ils s’engagent à une vie de prière, mais sans se retirer du monde. Le prédicateur lyonnais Pierre Valdo est aussi une figure qui marque leurs premières rencontres. Leur objectif est de soutenir la vie spirituelle des individus, à commencer par eux-mêmes, et de soutenir à travers eux les églises locales et l’action sociale.

La règle établie par Wilfred et Théodore Monod cherche à mettre la conduite journalière du Veilleur en harmonie avec l’esprit des Béatitudes, qui se trouve dans Évangile selon saint Matthieu (Mt 5,3-10). «Ce texte de l’Évangile est révolutionnaire, aimait à dire Théodore Monod, car si l’on essayait seulement de le mettre en pratique, le monde changerait du jour au lendemain, et l’homme pourrait enfin sortir de la préhistoire», lit-on sur sur la page de l’Oratoire du Louvre.

«Joie, simplicité et miséricorde» – tirés du texte des béatitudes et très présent chez saint François –, sont les mots d’ordre de la Fraternité spirituelle des Veilleurs. «Ils sont à contre-courant de la vie quotidienne de beaucoup de contemporains», précise le pasteur Patrick Aublet, actuel prieur de la Fraternité.

Une règle simple et en six points

Dans la pratique, la règle de la Fraternité se tient en six points, inscrits dans le temps. Premièrement, au cours de chaque journée, trois moments de recueillement sont proposés: lecture de l’Écriture et prière, le matin; récitation des Béatitudes, au milieu du jour; et le soir, on porte un regard sur la journée, en faisant son examen de conscience et en terminant par la prière confiante. La Fraternité propose un Livre de prière et un Bulletin trimestriel pour faciliter ces exercices journaliers.

Deuxièmement, chaque vendredi est marqué par un recueillement particulier en évoquant la Croix par la lecture d’un récit de la Passion, le chant d’un cantique, la contemplation d’un tableau, et la méditation d’un passage biblique. Un aspect concret est également proposé: une visite, une correspondance, une intercession ou un jeûne.

Le dimanche au culte de l’Église locale

Troisièmement, le dimanche, sauf empêchement notoire, chaque veilleur s’associera au culte public de l’Eglise locale à laquelle il appartient, dans la joie de la Résurrection. Quatrièmement, les veilleurs qui le peuvent se réunissent localement, quatre fois par an, pour se replacer ensemble devant l’appel que Dieu leur a adressé et reprendre ainsi conscience de leur vocation de chrétiens.

Cinquièmement, des retraites de deux ou trois jours sont offertes aux veilleurs, en plus des réunions trimestrielles. Le silence y tient une place importante pour que Dieu puisse parler à l’âme. Et sixièmement, avant chaque nouvelle année, le veilleur reçoit une carte d’engagement pour l’année qui commence qu’il signe et conserve, et sur laquelle figure le texte des Béatitudes.

Nouvelle croissance depuis l’an 2000

En 1923, la Fraternité compte douze membres. Après un déclin sur la fin du 20^e siècle, la Fraternité connaît une nouvelle croissance dans les années 2000. Elle comptre 200 membres en 2005, 300 en 2007, et plus de 400 en 2018.

Après Wilfred Monod, engagé jusqu’à sa mort en 1942, les six prieurs successifs des Veilleurs sont tous pasteurs. Une femme pasteure, Claude Caux-Berthoud, prend la direction de 2012 à 2023. Et depuis mars 2023, le prieur est le pasteur Patrick Aublet.

Le 26 mars 2023, la Fraternité spirituelle des Veilleurs a célébré son centenaire lors d’un culte au temple de l’Oratoire du Louvre. Elle est membre de la Fédération protestante de France (FPF), depuis 2010, et «ouverte à toutes les dénominations et Églises chrétiennes», précise Regards protestants, les médias protestants de France. (cath.ch/arch/gr)