France: La Civiltá Cattolica décrypte la progression du Front National
Paris, 14 mai 2015 (Apic) En France, «une crise de l’emploi sans précédent» et la défiance des Français vis-à-vis de la classe politique traditionnelle font le jeu du Front National (FN), le parti d’extrême droite, tandis que «la laïcité radicale» empêche la contribution des religions au lien social. C’est le constat établi par le jésuite français Pierre de Charentenay dans la revue La Civiltá Cattolica, à paraître le 30 mai 2015.
Dans cette publication jésuite relue en Secrétairerie d’Etat, le Père Pierre de Charentenay relève notamment le score du FN au premier tour des élections départementales de mars 2015 (25,2% des voix) et ne cache pas son pessimisme sur «l’évolution culturelle et politique» de l’Hexagone, où le «Français avec la baguette et le béret» n’existe plus qu’en photographie. «S’il est vrai que le pays de Louis XIV et du général De Gaulle est encore capable d’impressionner (…) il est aussi vrai qu’il a beaucoup perdu de son poids économique et industriel», constate-t-il ainsi. Il observe qu’il ne reste plus guère à la France que sa «force de dissuasion nucléaire et l’accès au club restreint des armées les plus fortes du monde».
Dans ce contexte, «le Front National se présente comme l’unique remède possible», constate le jésuite français en notant que le FN s’était stabilisé au niveau local et jouait ainsi sur l’orientation de la vie politique en France. «La crise économique fait peur, décrypte-t-il, (…) une partie de l’opinion publique s’éloigne des partis traditionnels pour aller vers une droite extrême, laquelle se plaît à faire levier avec la peur de la population, pour apparaître comme une alternative acceptable».
La disparition du sens collectif
«Il serait naïf d’affirmer que tout cela ne crée pas de problèmes», affirme-t-il encore en soulignant le défi politique de l’immigration et de la position de l’islam comme «deuxième religion en France». Cette position «produit des sentiments de xénophobie et alimente une islamophobie comme on peut le voir dans les livres d’Eric Zemmour et plus récemment, dans celui de Michel Houellebecq», déplore-t-il. Le jésuite regrette que «les attitudes d’aversion contre les migrants, les sentiments xénophobes (…) et anti-européens» deviennent aujourd’hui «quasiment légitimes».
Relevant «l’éloignement», dans la culture publique, des «références religieuses explicites et en particulier chrétiennes», le Père de Charentenay note que «l’Occident, surtout en France, a fait disparaître le sens collectif, laissant les individus face à eux-mêmes». Et le jésuite d’en conclure: «Au nom d’une laïcité radicale, les éléments de lien social que les religions peuvent apporter sont supprimés». (apic/imedia/lf/rz)