France: décès du jésuite Henri Madelin des suites du Covid-19
Le prêtre jésuite français Henri Madelin est décédé le 8 avril 2020, à l’âge de 84 ans à Lille, des suites d’une infection au Covid-19. Cet ancien Provincial des jésuites de France était connu pour son engagement en faveur de la culture et des plus démunis.
«Doté d’une grande bienveillance, homme de foi et de relations, toujours à l’écoute des évolutions de la société, le Père Henri Madelin a mis ses qualités humaines et intellectuelles au service du Christ, de l’Église et de la société, soulignent les jésuites d’Europe occidentale francophone sur leur site internet. Il était également «persuadé que le message de l’Évangile reste une source de profond renouvellement précieux pour notre monde».
Intéressé par la politique et le social
Né en 1936 dans le Haut-Rhin, le Père Madelin a connu une carrière intellectuelle, académique et ecclésiale extrêmement riche. Diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris (IEP), en 1956, ainsi que d’une licence en droit et d’un DES d’économie politique, il est intéressé par la vie politique et le service de l’État. Il prépare l’Ecole nationale d’administration (ENA), mais frappe l’année suivante à la porte du noviciat de la Compagnie de Jésus.
Après des études de philosophie à Vals, deux années au collège Libermann à Douala (Cameroun), puis des études de théologie à Fourvière (Lyon), il est ordonné prêtre dans la Compagnie de Jésus en 1967.
Son expertise pour les sciences politiques et son intérêt pour les questions de société l’orientent vers l’apostolat social. En 1973, il prend la direction de l’Action Populaire, qui deviendra le Centre de Recherche et d’Action Sociales (CERAS). «Son engagement témoigne de ce que la foi chrétienne est indissociable d’un engagement social et politique pour la justice ; cet engagement ne peut se vivre sans une profondeur intellectuelle», écrivent les jésuites d’Europe occidentale francophone.
Développement du Centre Sèvres
Maître de conférence à l’Institut d’Études Politiques de Paris (IEP), enseignant à l’Institut d’Études Sociales (IES) de l’Institut Catholique de Paris, le Père Madelin se révèle homme de relations et de communication.
De 1979 à 1985, il devient supérieur provincial des jésuites de France. Il rénove l’apostolat auprès des jeunes en lançant le «Réseau Jeunesse». Il assure l’avenir du Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris en destinant un certain nombre de jeunes jésuites à l’enseignement philosophique et théologique. Il donne à cette institution un rayonnement bien au-delà de la France.
De 1985 à 1991, il est nommé président du Centre Sèvres et s’attache à poursuivre le développement de ce lieu, au service d’une formation humaine, intellectuelle et spirituelle, à la fois enracinée et ouverte, de religieux, religieuses et laïcs, dans les enjeux d’un monde en pleine mutation, relèvent les jésuites.
Européen convaincu
En 1991, il devient aumônier national du Mouvement Chrétien des Cadres et Dirigeants (MCC).
Il est nommé rédacteur en chef de la revue jésuite Études de 1995 à 2002. «Par sa créativité et son dynamisme, il contribue au rayonnement de cette revue prestigieuse et à sa présence dans les débats de notre époque», assurent les jésuites.
Européen convaincu, le Père Madelin va également suivre de 2005 à 2019, depuis Bruxelles (OCIPE), Strasbourg (Conseil de l’Europe) et Paris, les enjeux d’une Europe en pleine mutation. Il croit au nécessaire débat éthique dans la construction institutionnelle européenne. (cath.ch/com/rz)