Floride: les évêques dénoncent la facilitation de la peine de mort
Les évêques catholiques de Floride ont fustigé, fin avril 2023, une nouvelle loi supprimant la nécessité d’une unanimité du jury pour infliger la peine capitale. Une législation soutenue par le gouverneur Ron DeSantis, concurrent de Donald Trump pour l’investiture républicaine à la Maison Blanche.
L’unanimité d’un jury ne sera plus exigée en Floride pour prononcer une sentence de mort. Le gouverneur Ron DeSantis a signé le 20 avril 2023 le projet de loi SB 450 autorisant la peine capitale sur recommandation d’au moins huit membres du jury contre quatre.
La Conférence des évêques catholiques de Floride a estimé «stupéfiant» que M. DeSantis et le corps législatif de Floride reviennent sur la loi «de bon sens» adoptée il y a tout juste six ans, qui exigeait l’accord unanime du jury.
Exacerbation des préjugés raciaux
Plusieurs autres organisations catholiques de l’Etat ont réagi négativement à ce développement. Krisanne Vaillancourt Murphy, directrice exécutive de l’organisation de lutte contre la peine capitale Catholic Mobilizing Network, a qualifié cette décision de «très inquiétante», rapporte le site catholique américain Crux.
«La loi SB 450 (…) provoquera le chaos et des souffrances inutiles pour les familles des victimes, les condamnés à mort et les accusés actuels et futurs de crimes capitaux (…) Pour parler clairement, Ron DeSantis a promulgué une loi qui constitue une attaque à peine voilée contre la vie humaine», a ajouté la militante catholique. Elle a estimé que la nouvelle loi ne ferait qu’aggraver les antécédents douteux de la Floride en matière de peine capitale. «Les préjugés raciaux et les condamnations injustifiées sont monnaie courante dans le système de la peine de mort en Floride. Il est presque certain que ces deux phénomènes seront exacerbés par l’autorisation d’une condamnation à mort non unanime».
Une décision politique?
Le gouverneur de Floride plaidait en faveur d’une telle loi depuis qu’un jury divisé a épargné la peine de mort à Nikolas Cruz, en octobre 2022. Le jeune homme aujourd’hui âgé de 24 ans a tué 17 personnes au lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland, en Floride, le 14 février 2018. Il a finalement plaidé coupable et a été condamné à la perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.
Le verdict a suscité la colère des familles des victimes. «Je suis fier de signer une loi qui empêchera les familles d’avoir à endurer ce que les familles de Parkland ont subi et qui garantira qu’une justice appropriée soit rendue dans l’État de Floride», a ainsi déclaré Ron DeSantis.
Krisanne Vaillancourt Murphy a également suggéré que la décision de Ron DeSantis a été motivée par des considérations politiques. Le Floridien est en effet considéré comme le principal concurrent de Donald Trump pour les primaires républicaines en vue de la course à la présidence des Etats-Unis, en 2024. Des observateurs jugent que Ron DeSantis est en train de durcir sa ligne pour séduire les électeurs de l’ancien président. «La peine de mort ne devrait pas être utilisée pour marquer des points politiques», a commenté Krisanne Vaillancourt Murphy.
A noter que depuis 1973, 30 condamnés à mort ont été innocentés en Floride, soit le plus grand nombre des Etats-Unis, selon le Centre d’information sur la peine de mort. (cath.ch/crux/rz)