Le Chemin de croix sera célébré dans le Colisée de Rome (Photo:Unplugged/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
Vatican

Les femmes au cœur des méditations du Chemin de croix du Colisée

Les femmes, mais aussi les moines de Tibhirine et les victimes du nazisme, seront au cœur des méditations des 14 stations du Chemin de croix que le pape François présidera au Colisée à Rome dans la soirée du Vendredi Saint. Le site catholique Aleteia a publié le 13 avril l’intégralité du texte rédigé par la théologienne française Anne-Marie Pelletier.

«Les pleurs que Jésus confie aux filles de Jérusalem comme une œuvre de compassion, ces pleurs des femmes ne manquent pas à notre monde», écrit-elle à la 7e station, ›Jésus rencontre les femmes de Jérusalem’. Ces pleurs «coulent silencieusement sur les joues des femmes», observe la théologienne française, «comme les larmes de sang» dont parle la mystique et sainte Catherine de Sienne (1347-1380), qui sont les larmes du cœur, des larmes spirituelles et apportent à l’âme une «grande suavité».

«Non que les larmes reviennent aux femmes», estime Anne-Marie Pelletier, qui ne sont pas «des pleureuses passives et impuissantes au milieu d’une histoire que les hommes seuls, seraient censés écrire». Leurs pleurs appartiennent à ceux que les femmes «recueillent»: des «petits enfants terrorisés, des blessés des champs de bataille en appel d’une mère, pleurs solitaires des malades et mourants au seuil de l’inconnu». Ce sont aussi des larmes de joie, «dans la jubilation de l’homme et de la femme ensemble», souligne-t-elle.

Les références aux femmes sont particulièrement présentes tout le long de cette méditation, la théologienne insiste à nouveau, à la 14e station sur leur capacité à prendre soin de la «fragilité des corps». Elle évoque ainsi ces femmes préparant les parfums et aromates pour rendre un «dernier hommage au corps du Christ».

«Audace si féminine et si divine»

La théologienne française mentionne aussi la figure d’Etty Hillesum, «femme forte d’Israël demeurée debout dans la tourmente de la persécution nazie». «Dans l’enfer qui engloutit le monde», observe-t-elle, la juive prisonnière du camp d’Auschwitz ose prier Dieu en ces termes : «Je vais essayer de t’aider». «Audace si féminine et si divine», juge l’auteur de ces méditations. Esther Hillesum, morte en 1943 au camp de concentration d’Auschwitz en Pologne, est une jeune femme juive et mystique.

A la 9e station, ›Jésus est crucifié’, Anne-Marie Pelletier rappelle le martyr des moines de Tibhirine (Algérie). Face à la mort et la violence qui «nous sidère dans l’actualité du monde» et qui «rôde en chacun de nous», les moines tués à Tibhirine priaient pour désarmer les terroristes et rester eux-mêmes désarmés. «Opposer la douceur de Dieu à nos enfers», représente en effet selon la professeure, «le seul moyen de nous délivrer du mal».

«Vérité simple et vertigineuse»

Les hommes commencent alors à concevoir que «seul Dieu souffrant peut sauver», observe la théologienne, citant le pasteur Dietrich Bonhoeffer. Aux derniers mois de sa vie, «éprouvant jusqu’au bout la puissance du mal, souligne-t-elle, il pouvait ramasser en cette vérité simple et vertigineuse, la confession de foi chrétienne». Dietrich Bonhoeffer, exécuté en 1945 au camp de concentration de Flossenbürg (Allemagne), est un pasteur luthérien et membre influent de l’Église confessante – mouvement protestant opposé au naz isme.

Anne-Marie Pelletier est professeur des universités. Elle est la seconde femme à rédiger ces méditations. Sous le pontificat de Jean-Paul II, suite à une rencontre oecuménique à Rome, la religieuse protestante suisse Minke de Vries avait rédigé les méditations du Chemin de Croix, en 1995. Anne-Marie Pelletier est également la première femme à avoir reçu le prix de théologie de la Fondation Ratzinger-Benoit XVI en 2014.  (cath.ch/imedia/ah/mp)

 

Le Chemin de croix sera célébré dans le Colisée de Rome
13 avril 2017 | 17:39
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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