Le Père Federico Lombardi estime qu'il a eu le privilège de servir une bonne cause. (Photo. B. Hallet)
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Federico Lombardi: le privilège de servir trois papes

Le Père Federico Lombardi était l’invité du dîner-rencontre qui a ouvert les 21e Journées François de Sales, à Annecy (France) dans la soirée du 25 janvier 2017. Le jésuite est revenu, à travers quelques souvenirs, sur le rapport aux médias de Jean-Paul II, Benoît XVI et François, dont il a eu «le privilège» d’assurer la communication pour les médias internationaux.

«Je suis convaincu d’avoir eu le privilège de servir une très bonne cause en transmettant la Bonne nouvelle et les messages importants des papes. Nous tous ici présents, avons ce privilège». Heureux de se retrouver dans une atmosphère «familiale», le Père Federico Lombardi a sollicité la bienveillance de la centaine de convives, journalistes catholiques et gens de communication en Eglise, quant à l’évocation de quelques souvenirs et de la manière de communiquer des trois papes dont il a été «la voix».

Jean-Paul II, un pape «totalement crédible»

«Il a dit souvent ‘n’ayez pas peur’ et je vous assure que Jean-Paul II n’avait pas peur dans ce qu’il entreprenait», témoigne le Père Lombardi, en ajoutant que le pape polonais avait plutôt confiance dans les médias, lui qui venait d’un pays où la liberté d’expression n’existait pas. Jean-Paul II «s’est montré tel qu’il était, avec une totale crédibilité». Il a fait des médias ses alliés pour faire tomber le mur, pour passer un message de paix et pour promouvoir l’œcuménisme, explique-t-il.

A titre d’anecdote, le Père Lombardi a décrit les réunions qui suivaient systématiquement chaque retour de voyage, où le pape voulait s’assurer que sa parole avait été bien comprise par la presse internationale. «Il était très soucieux de la communication», relève celui qui fut directeur du bureau de presse du Saint-Siège de 2006 à 2016.

Le Père Lombardi a également retenu de Jean-Paul II son attention pour les autres cultures et ses efforts particuliers pour prononcer ses discours dans la langue des pays qu’il a visités. «Cela se traduisait par une préparation intense et un gros travail de prononciation». Le jésuite dit avoir apprécié ces efforts pour «donner ce signe d’attention aux autres».

Benoît XVI, des discours clairs et profonds

Pas d’envolées lyriques ni de grands gestes. Le Père Lombardi égraine tranquillement les souvenirs d’années pourtant exceptionnelles passées auprès des trois pontifes. La voix se fait plus douce à l’évocation de Benoît XVI dont le jésuite salue la clarté, l’ordre et la profondeur des discours. Benoît XVI n’a pas eu, selon le Père Lombardi, de stratégie en terme d’image.

«Il a eu le courage et l’humilité de prendre sur lui de régler les scandales de pédophilie» qui ont entaché l’Eglise. Il souligne encore la compassion de ce pape qui a rencontré les victimes et sa participation personnelle «pour mettre l’Eglise sur le chemin de la purification».

Il affirme n’avoir eu aucun problème avec la renonciation de Benoît XVI: «tout était clair dans son discours, il a dit vrai sur le poids de sa charge et ses forces qui diminuaient», soutient-il. Le plus difficile n’a pas été le fond du discours mais d’aider les journalistes et le peuple de Dieu à «rester tranquille».

Interpellé au sujet de la santé du pape émérite, Federico Lombardi l’a trouvé «très lucide mais plus fragile physiquement, à bientôt 90 ans».

François, c’est la liberté

«Il n’y a pas une personne au Vatican qui connaît l’agenda du pape François, sourit le Père Lombardi. Il continue ses activités librement et n’est prisonnier d’aucun système, poursuit-il. Il téléphone à des fidèles, envoie ses courriers et prend des rendez-vous comme il l’a toujours fait». Le jésuite fait allusion également à la liberté que prend ce dernier avec les discours, à ses improvisations et «au travail continuel que cela nécessitait pour corriger, arranger et… présenter au mieux ce que le pape disait», ajoute-t-il, sourire aux lèvres.

Le Père Lombardi reconnaît qu’il s’est fait du souci quant à la capacité de François à parler autant de langues aussi aisément que ses prédécesseurs. Une inquiétude qui fut  de courte durée tant le pontife argentin a compensé avec sa facilité à communiquer par les gestes. «Il est doué d’une grande spontanéité et d’une réelle capacité de communiquer autrement que par les mots. C’est son charisme».

Pas de voyage en France à l’agenda de François

Interrogé sur un éventuel voyage du pape en France, le Père Lombardi a rappelé l’itinéraire «à la périphérie des pays du centre de l’Europe». Il n’a pas connaissance d’un tel projet à ce jour. En outre, le pape avait déclaré qu’il attendait le résultat des élections présidentielles, avant d’envisager tout déplacement dans l’hexagone.

En réponse à une question sur les critiques dont il faisait l’objet, il a estimé que le pape François n’était pas plus critiqué que ne l’avait été le pape Benoît XVI. «Il a bonne presse en général. C’est peut-être différent dans l’Eglise où des personnes sont troublées par son style et son approche pastorale».

Le Père Lombardi aura eu à cœur de se mettre «en syntonie profonde, réelle pour comprendre l’esprit et communiquer de la manière la plus cohérente possible le message de ces papes», indépendamment de toutes les  possibilités que donnent les moyens de communication modernes. (cath.ch/bh)


Né le 29 août 1942 à Saluzzo (Italie), le Père Federico Lombardi a été ordonné prêtre en 1972. D’abord rédacteur à la revue jésuite La Civilta Cattolica, il en devient rédacteur en chef en 1977. Il a passé toute sa carrière à la communication du Vatican. En 1991 il est nommé directeur des programmes de Radio Vatican dont il devient, en 2005, le directeur général. En 2001, il prend le poste de directeur du Centre de télévision du Vatican (CTV) qu’il occupera jusqu’en 2013.

Celui que l’on a surnommé «la voix du pape» a été directeur du bureau de presse du Saint-Siège pendant 10 ans, de 2006 à 2016.

Le Père Federico Lombardi estime qu'il a eu le privilège de servir une bonne cause. (Photo. B. Hallet)
26 janvier 2017 | 09:43
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 4  min.
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