Portrait de sœur Faustine | © B. Litzler
Vatican

Faustine, la petite sainte qui bouleversait les papes

Canonisée par le pape Jean Paul II il y a tout juste 20 ans, sainte Faustine Kowalska (1905-1938) est reconnue par l’Eglise catholique comme celle qui a été choisie par le Christ pour témoigner de sa Miséricorde. Cette religieuse du XXe siècle, très appréciée par le pape polonais et ses successeurs, est une source d’inspiration majeure pour chacun d’entre eux.

Sixtine Waché, I.MEDIA

Sainte Faustine est un «don de Dieu pour notre temps», disait le pape Jean Paul II (1978-2005). En effet, le message de Miséricorde Divine que porte la petite Polonaise permet au monde de se préparer au retour du Christ, Lui qui lui a transmis ces paroles: «L’humanité n’aura pas de paix tant qu’elle ne s’adressera pas avec confiance à ma Miséricorde».

«Ne pensons pas uniquement à nos intérêts et à ceux qui nous sont bénéfiques», a exhorté le pape François lors de son homélie du dimanche de la Miséricorde, le 19 avril 2020. En ces temps d’épidémie, le successeur de Pierre s’est appuyé sur sainte Faustine à qui le Christ a demandé d’être «miséricordieuse envers tout le monde», pour à son tour lancer un appel aux hommes: «Soyons miséricordieux envers celui qui est faible, ce n’est qu’ainsi que nous construirons un monde nouveau».

Un dévouement tout entier

Jeune fille issue d’une famille pauvre et acceptée dès ses 20 ans dans la congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Miséricorde, la jeune Helena Kowalska est contrainte de remplir de modestes tâches. Cuisinière, jardinière et sœur portière, elle accepte avec courage ses fonctions et reçoit avec humilité ce qu’elle considère comme la volonté du Seigneur. Dévouée toute entière aussi bien matériellement que spirituellement, celle qui prend le nom de sœur Marie-Faustine est sans cesse plongée dans de longues phases de méditation, de contemplation, et de rencontre avec le Christ. Obéissante sans mesure, elle ne cesse d’implorer la Miséricorde de Dieu qui lui demande d’avoir confiance en Lui et d’aimer son prochain. De là viennent les paroles véritablement profondes de cette «apôtre de la Miséricorde»: «Jésus, j’ai confiance en Toi».

La dévotion de sœur Faustine est frappante. Jésus lui apparaît à de nombreuses reprises, de même que la Vierge Marie. Il fait d’elle sa «secrétaire» : «Parle au monde de ma Miséricorde, lui demande-t-Il lors de ses apparitions, ainsi tu consoleras mon cœur». Grâce à son témoignage, inscrit dans son Petit Journal, la missionnaire polonaise donne au monde des clefs pour apprendre à prier et à se laisser toucher par Dieu. «Je te donne ici trois moyens de témoigner de la miséricorde envers ton prochain: le premier, c’est l’action, le second, c’est la parole, le troisième, c’est la prière (…) c’est ainsi que l’âme glorifie et honore ma Miséricorde», rapporte-t-elle dans son journal, évoquant une parole de Jésus avec qui elle s’unit spirituellement et sans mesure. Rapidement après sa mort, survenue à l’âge de 33 ans, la renommée de sœur Faustine se répand, notamment par son père spirituel, le bienheureux Michel Sopocko, et peu après également par Karol Wojtyla, futur pape.

Une réputation de sainteté

Avant d’être élu pontife, Karol Wojtyla est déjà très touché par le témoignage de sœur Faustine ainsi que par sa vie de dévouement. Marquée par une sincère dévotion au cœur miséricordieux du Christ, la religieuse polonaise devient un exemple pour le futur pape.

C’est dès 1939, lorsque la guerre éclate, que le culte de la divine Miséricorde se répand. Les religieuses font parvenir des petites prières du chapelet de la Miséricorde aux prisonniers de guerre, et de plus en plus de fidèles adorent l’image du Jésus miséricordieux apparu à sœur Faustine.

En 1968, le cardinal Karol Wojtyla commence les procédures d’enquêtes à propos de la vie de sœur Faustine Kowalska et de ses vertus. Devenu pape, il procède à sa béatification, le premier dimanche après Pâques de l’année 1993. C’est en particulier grâce au miracle accordé à Maureen Digan que la béatification de la sœur polonaise a lieu. L’américaine, amputée d’une jambe et souffrant depuis longtemps d’une maladie incurable, avait effectué un voyage en Pologne pour se recueillir sur la tombe de «l’apôtre de la Miséricorde Divine». Là-bas, après avoir longuement prié la future sainte, le mal disparaît de son corps et la malade guérit miraculeusement.

La lumière du IIIe millénaire

En octobre 1995, un autre miracle attribué à la bienheureuse Faustine permet de franchir un pas dans le processus de sa canonisation. L’abbé Ronald Pytel, américain d’origine polonaise qui souffrait d’une insuffisance cardiaque et dont la vie était menacée, se retrouve guéri miraculeusement après une veillée de prière dédiée à la religieuse polonaise et au culte de la Divine Miséricorde. En décembre 1999, la commission des cardinaux promulgue un décret en présence du pape Jean Paul II, reconnaissant le miracle attribué à Faustine Kowalska.

Puis, le 30 avril 2000, le pontife polonais procède à la canonisation de celle qui sera désormais appelée sainte Faustine. Comme le souhaitait Jésus dans l’une des apparitions à sa «secrétaire», le pape consacre alors ce premier dimanche après Pâques comme étant la fête de la Divine Miséricorde. La nouvelle sainte introduit le XXIe siècle, et Jean Paul II, dans son homélie, lui demande d’intercéder auprès de Dieu afin que «la lumière de la Miséricorde Divine (…) illumine le chemin des hommes du IIIe millénaire».

La Miséricorde divine au cœur de la spiritualité des papes

L’existence et les vertus de sainte Faustine continuent d’inspirer la spiritualité des papes. Car même après Jean Paul II, particulièrement attaché au témoignage de vie de la religieuse polonaise et lui-même ardent apôtre de la Miséricorde, les papes Benoît XVI et François s’inspirent, célèbrent et dirigent la vie de l’Eglise catholique en invoquant le cœur miséricordieux du Christ.

Le pape émérite Benoît XVI parle de la Miséricorde comme d’une partie intégrante de la foi catholique. Selon lui, «l’idée que la Miséricorde devienne de plus en plus centrale et dominante est un signe des temps», car les hommes «savent qu’ils ont besoin de la Miséricorde de Dieu et de sa délicatesse». Encore pontife, il permet la béatification de son prédécesseur polonais le 1er mai 2011, premier dimanche après Pâques, en signe de l’attachement de Jean Paul II à la Divine Miséricorde.

Le pape François continue dans la lignée de ses précurseurs polonais et allemand, en consacrant lui aussi une partie de son pontificat au culte de la Miséricorde Divine. En 2014, a lieu la canonisation de saint Jean Paul II, et en 2016, le pontife argentin organise les Journées Mondiales de la Jeunesses (JMJ) en Pologne, terre des deux saints apôtres de la Miséricorde, désignés comme accompagnateurs de l’évènement. Le pape François instaure également une année jubilatoire de la Miséricorde en 2015-2016, et multiplie les gestes de compassion envers les plus pauvres.

Le 19 avril 2020, le pontife célèbre la fête de la Divine Miséricorde en l’église Santo Spirito in Sassia, «sanctuaire de la miséricorde à Rome». Privée de fidèles, cette célébration historique, qui a eu lieu dans un contexte bien particulier du fait de la pandémie de coronavirus, rappelle l’attachement du successeur de Pierre à la construction d’un monde miséricordieux, attentif à la misère humaine.

La devise du 266e pape, «miserando atque eligendo» (»choisi parce que pardonné» en latin), est, elle aussi, symbolique d’un pontificat profondément marqué par la Miséricorde de Dieu. Tirée d’une homélie de saint Bède le vénérable, très apprécié par le pape François, elle montre à quel point Dieu est proche des pauvres pécheurs qui portent le profond désir de se repentir. (cath.ch/imedia/sw/rz)

Portrait de sœur Faustine | © B. Litzler
30 avril 2020 | 15:32
par I.MEDIA
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