Mgr Robert Zollistsch. évêque émérite de Fribpouirg-en-Brisgau |  Wikipedia / Tobias Klenze / CC-BY-SA 4.0
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Face aux abus, les archevêques de Fribourg-en-Brisgau ont failli

Désinformation, falsification de dossiers, dissimulation et froideur envers les victimes: Le rapport sur les abus sexuels de Fribourg-en-Brisgau, présenté le 18 avril 2023, accuse les anciens archevêques allemands Saier (1978-2002) et Zollitsch(2002-2013) de graves manquements.

L’enquête sur les violences sexuelles et la dissimulation d’actes d’abus dans l’archevêché de Fribourg considère que les anciens archevêques Robert Zollitsch et Oskar Saier ont commis de graves fautes et de graves violations du droit dans le traitement des délits commis par des prêtres, rapporte l’agence catholique kna. La protection de l’institution ecclésiale et des auteurs de ces actes a primé sur tout, a déclaré l’auteur de l’étude Eugen Endress lors de la présentation du rapport de 600 pages. Aucune aide n’a été apportée aux personnes concernées et à leurs proches : «Ils ont été laissés seuls».

L’archevêque Burger entame des démarches juridiques contre Mgr Zollitsch

L’archevêque actuel Mgr Stephan Burger s’est montré ébranlé par les conclusions du rapport. Le comportement de ses prédécesseurs le laisse pantois. Il a fait savoir qu’il avait entamé des démarches juridiques contre Mgr Zollitsch. (Mgr Saier est décédé en 2008 ndlr). Le Vatican doit examiner les conséquences.

Les associations de victimes se sont également déclarées choquées. L’enquête documente noir sur blanc que l’Eglise «est restée indifférente pendant des décennies aux enfants abusés et aux âmes blessées». En revanche, les auteurs des crimes les plus cruels ont été protégés. Sous la direction de Mgr Zollitsch, l’Eglise aurait été un «espace de protection pour les auteurs» et un «enfer pour les enfants exposés à la violence sexuelle et qui n’ont pas reçu d’aide».

Le droit canonique délibérément ignoré

Mgr Zollitsch est accusé de comportement fautifs à plusieurs égards. Les auteurs de l’étude expliquent que cela est allé jusqu’à la dissimulation et la couverture délibérées d’abus. Ce faisant, il a délibérément ignoré le droit canonique. Par exemple, il n’a pas signalé au Vatican les cas d’abus présumés, bien que cela ait été obligatoire à partir de 2002. «Même en tant que président de la conférence épiscopale allemande, (de 2008 à 2014 ndlr) l’archevêque Zollitsch a ignoré le droit en vigueur». Des dossiers auraient également été manipulés.

Mgr Zollitsch avait annoncé par l’intermédiaire d’un porte-parole qu’il ne s’exprimerait pas sur ces accusations pour le moment. La dernière fois, il avait demandé pardon dans une vidéo en octobre. Les auteurs de l’étude reprochent également à son prédécesseur Oskar Saier (1978-2002) de graves manquements. Il aurait par exemple transféré des délinquants sans en informer les paroisses. Déjà sous l’épiscopat de Mgr Saier, Robert Zollitsch occupait une position très puissante (en tant que responsable du personnel de l’archidiocèse depuis 1983 ndlr), a ajouté Eugen Endress.

Aucune indication de dissimulation pour Mgr Burger

Les auteurs de l’enquête n’ont trouvé aucun indice de dissimulation chez l’archevêque actuel Stephan Burger (depuis 2014). Néanmoins, Mgr Burger a reconnu ses propres erreurs. Ainsi, les conditions imposées aux prêtres incriminés n’auraient pas été contrôlées de manière suffisamment conséquente. L’archevêque a demandé pardon aux personnes concernées. Il veut apprendre de ses erreurs et en tirer les conséquences. Pour cela, le rapport sur les abus est un avertissement urgent et une aide.

Des experts indépendants

L’étude d’environ 600 pages a été élaborée par des experts indépendants, dont des juristes et des criminologues. Elle analyse à titre d’exemple 24 cas datant de 1945 à nos jours. Les quatre auteurs ont eu accès à tous les dossiers personnels des prêtres de l’archevêché. Ils ont en outre analysé les procès-verbaux des réunions de direction du diocèse. Enfin, ils ont interrogé 180 témoins – dont des personnes concernées et des accusés.

Afin de protéger les droits de la personnalité, seules les personnalités publiques sont nommées dans le rapport. En font partie les évêques, les chefs de l’administration et les chefs des tribunaux ecclésiastiques, c’est-à-dire les vicaires généraux et les officiaux.

L’enquête fribourgeoise s’inscrit dans une série de rapports de mise à jour. Les derniers en date ont été présentés par les diocèses de Mayence et d’Essen. (cath.ch/kna/mp)

Suite au rapport, le président de la Conférence des évêques catholiques d’Allemagne, Mgr Georg Bätzing, a pris ses distances avec son prédécesseur, l’ancien archevêque de Fribourg Robert Zollitsch, lui reprochant notamment un comportement irresponsable, rapporte KNA. D’autres apparitions publiques de Zollitsch ne seraient «pas appropriées», a déclaré l’évêque de Limbourg. «Dans ce cas, c’est à Rome de juger comment les résultats de l’expertise sur Mgr Zollitsch doivent être classés – et, dans certaines circonstances, sanctionnés», a-t-il ajouté. RZ

Mgr Robert Zollistsch. évêque émérite de Fribpouirg-en-Brisgau | Wikipedia / Tobias Klenze / CC-BY-SA 4.0
18 avril 2023 | 15:14
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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