Fabien Udriot, nouveau diacre romand: «Un projet mûri à deux»
Le 10 septembre 2022, Fabien Udriot est ordonné diacre permanent par Mgr Charles Morerod en l’église Saint-Paul de Fribourg. Présentation du plus jeune diacre du diocèse LGF, informaticien indépendant, et de son épouse Virginie, enseignante.
Rencontrer les Udriot, c’est s’inviter à un tour du monde. Le monde physique, qu’ils ont parcouru largement et longuement parfois. Et le monde de l’Eglise, dans lequel Fabien et Virginie ont trouvé un lieu d’épanouissement, en paroisse notamment, tout en travaillant hors du sérail ecclésial.
Ils ont 44 ans tous deux («J’ai trois semaines de plus que lui», souffle Virginie), ils sont engagés en Eglise depuis longtemps, ils sont parents de Charlotte, Paulin et Camile, âgés de 15, 14 et 10 ans. Et sont disposés à cette nouvelle étape de vie: l’ordination au diaconat permanent de Fabien, ce 10 septembre 2022.
Une graine qui a germé
«L’idée du diaconat vient, en tout premier, d’une conversation avec ma mère: comme enfant, je lui avais posé des questions, confie Fabien. Elle m’avait parlé des diacres. La graine a sans doute été plantée là. Après notre mariage en 2001, j’ai constaté que le diaconat m’habitait et m’attirait encore. J’en ai parlé au diacre Bertrand Georges. Il me disait, à l’époque, qu’il fallait avoir 35 ans, et j’étais trop jeune. On s’est recroisé en 2018 et Bertrand m’a interpellé à nouveau. Je lui ai dit que je sentais toujours encore cet attrait pour le diaconat.»
La question tombe au moment où Virginie et Fabien rentrent en Suisse, après différentes boucles à l’étranger: en 2009, ils partent pour l’Angleterre, puis enchaînent avec le Cambodge, l’Allemagne, et enfin le Burkina Faso. A chaque fois, entre 18 mois et trois ans sur place.
«Le cheminement vers le diaconat a renforcé la prière du couple et de la famille.»
Cheminement à cinq
Alors le diaconat va changer quelque chose? «Ce ministère va se déployer dans la joie, la simplicité et le vivre ensemble», énonce Fabien. «Et sur le socle du mariage…», complète son épouse.
Heureux de cette nouvelle étape? «Le cheminement vers le diaconat m’a nourri et touché. Cela a renforcé la prière du couple et de
Une vocation au ministère portée par le couple: «C’est moi qui suis ordonné, glisse Fabien. Mais on le mûrit à deux et même si l’un des deux est un peu plus visible, Virginie aura aussi une place active.»
«Quant aux enfants, ils sont heureux et ils nous suivent, ajoute Virginie. C’est aussi à cinq que nous suivons ce cheminement. Et d’ailleurs, ils seront actifs à la messe d’ordination. Notre fille nous a surpris car elle veut aussi dire un mot, après le oui de l’épouse, qui est prévu dans la liturgie.»
«On dit partout que ça se meurt, mais je vois beaucoup de bourgeons.»
Phase de rejet dépassée
La famille s’est préparée ensemble, à Taizé, au mois d’août. Un passage profitable, avec trois temps de prière quotidiens, des partages autour des textes bibliques et divers services sur place.
Virginie et Fabien Udriot voient l’Eglise bouger: «Elle est en mutation, dans le sens d’un renouveau. Je me sens participant à cela, confie Fabien. On voit des choses nouvelles, jamais vues. C’est une chance, car c’est un espace de création. On peut oser des choses». Virginie, elle, constate que «la phase de rejet est dépassée. Dans la jeunesse, il y a de nouveaux élans, avec des envies. On dit partout que ça se meurt, mais je vois beaucoup de bourgeons: des groupes de jeunes à l’église, la multiplication des propositions de tous ordres. Il suffit de voir les dépliants, nombreux, au fond des églises, tous les efforts de communication de l’Eglise.»
Pas d’essoufflement
Informaticien programmateur, Fabien rencontre bien des milieux différents. Mais, estime-t-il, «la foi est bien présente, car chaque fois qu’on en parle, les personnes expriment quelque chose. La pratique n’est plus présente comme avant, mais la foi est toujours vivante, avec une soif».
Le nouveau diacre va continuer à exercer son ministère en milieu professionnel, et le complétera par le secteur de la diaconie en paroisse, associé au pôle liturgique qui conduit régulièrement les diacres au service de l’autel. Mais la prudence est de mise pour ne pas surcharger l’agenda: «Si on charge trop, c’est l’essoufflement garanti en peu de temps!»
Réjouis et calmes
Autre richesse pour leur quartier du Schoenberg à Fribourg, les talents musicaux de Virginie et Fabien. La guitare pour lui, le chant pour elle, à deux ou avec le groupe de pop louange Achirim («Cantique des Cantiques» en hébreu). Un chœur de jeunes («Des quarantenaires», précise Virginie en riant), d’une dizaine de membres («Quand ils sont tous là!», autre éclat de rire).
Alors, prêts pour la célébration de ce samedi? «On se sent réjouis, mais calmes en même temps, car le gros du travail a été fait, assure Fabien. C’est aussi une fête paroissiale et on veut remercier toutes les personnes qui se sont jointes à cette préparation». (cath.ch/bl)
Entre le Valais et le Gibloux
Fabien est issu de la famille Udriot, connue en Valais pour avoir adhéré en 1986 à l’œuvre Emmanuel SOS Adoption. Ses parents, Mireille et Charles, ont adopté huit enfants handicapés, qui ont grandi avec les trois enfants du couple, au chalet Anawim à Choëx, au-dessus de Monthey. «Je suis l’aîné des trois enfants et mon milieu familial a été porteur de ma vocation, témoigne le futur diacre. Mais c’est d’abord un milieu de foi qui m’a forgé. La vie en groupe, aussi, et son côté d’animation permanente».
Virginie, enseignante à Villars-sur-Glâne, est originaire d’Orsonnens (FR), au pied du Gibloux. «J’ai grandi bien entourée, entre le monastère des moines vietnamiens et la maison des sœurs». Fabien et Virginie se sont rencontrés à la Villa Vandel à Châtel-Saint-Denis, aujourd’hui disparue. Ils étaient alors membres des Jeunes de Lourdes. BL