Raphaël Rauch est le rédacteur en chef de kath.ch | DR
Suisse

Excuses des évêques et de la RKZ après un article de kath.ch

La Conférence des évêques et la RKZ présentent leurs excuses après un article du portail catholique de Suisse alémanique évoquant l’Holocauste dans le cadre de la votation sur l’initiative populaire «Entreprises responsables».

Acceptée par le peuple suisse le 29 novembre 2020, mais refusée par la majorité des cantons, elle continue de susciter de vifs débats au sein de l’Eglise catholique en Suisse.

Un article du portail catholique kath.ch faisant allusion, dans le cadre de la campagne de votation, à une coresponsabilité de la Suisse dans l’Holocauste, a suscité de violentes réactions dans le public, incitant les responsables de l’Eglise à présenter des excuses.

Prise de position commune

Dans une prise de position commune publiée au soir du 4 décembre 2020, Mgr Felix Gmür, président de la Conférence des évêques suisses (CES), et Renata Asal-Steger, présidente de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ), prennent leurs distances avec une phrase du rédacteur en chef de kath.ch.

Raphael Rauch avait écrit, le 9 novembre 2020, qu’il y a près de 40 ans, le cinéaste Markus Imhoof avait montré dans son film «Das Boot ist voll» (La barque est pleine) que la Suisse était en partie responsable de l’Holocauste. « Une chose est claire : s’il y avait eu à l’époque une loi sur la responsabilité des entreprises, il aurait été beaucoup plus difficile pour les banques suisses de financer la machinerie meurtrière d’Hitler».

Fortes réactions dans le public

Nombreuses sont les personnes qui ont été particulièrement touchées «et à juste titre indignées » par un recours à l’histoire concernant le comportement de la Suisse envers l’Allemagne nazie publié sur le portail kath.ch, qui mettait en relation le rejet de l’initiative avec l’Holocauste (l’extermination des juifs par les nazis, ndlr). La CES et la RKZ, en tant que mandants du centre de médias kath.ch, « regrettent profondément cette déclaration, prennent leurs distances et s’excusent ».

Auparavant, la direction du diocèse de Saint-Gall avait déjà condamné cette comparaison «dans les termes les plus forts».

La Fédération suisse des communautés israélites satisfaite

A l’instar des milieux politiques opposés à l’initiative pour des entreprises responsables – soutenue cependant par les grandes Eglises suisses -, la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) a salué la mise au point de la CES et de la RKZ. «Nous nous félicitons de cette déclaration claire et sans équivoque», déclare Jonathan Kreutner, secrétaire général de la FSCI. «Nous menons un dialogue respectueux avec la Conférence des évêques depuis de nombreuses années et apprécions grandement le fait qu’elle prenne toujours nos préoccupations au sérieux». Kreutner a émis une critique claire visant le portail catholique alémanique. Dans un contexte plus général, la FSCI, le 20 novembre 2020, avait appelé «à ne pas se servir de comparaisons avec la Shoah (ou Holocauste, ndlr) ou de références au national-socialisme dans les débats de politique sociale. Elle demande à tous les groupes sociaux de modérer leur ton ».

Des blessures de tous les côtés

Les débats brûlants suscités par l’initiative ont laissé des blessures de tous les côtés, notent les responsables de l’Eglise. Etant donné qu’en divers endroits, les acteurs religieux ont également été fortement impliqués et qu’il y a eu des réactions violentes, la CES et la RKZ sont en train d’analyser cette situation et d’en tirer des conclusions pour l’avenir.

Sans relativiser la responsabilité commune, et rappelant que le cadre et le statut rédactionnel mis en place par la CES et la SBK et la RKZ garantissent l’indépendance éditoriale des centres de médias dans le cadre de leur mandat de base, cette indépendance n’est cependant pas illimitée.

Une indépendance rédactionnelle pas illimitée

Cette indépendance, soulignent les responsables d’Eglise, trouve cependant ses limites là où les valeurs que défend l’Eglise sont mises en cause par le travail de communication lui-même. Mgr Felix Gmür et Renata Asal-Steger défendent le fait que les Eglises, en tant qu’acteurs sociaux, pourront à l’avenir également formuler publiquement leurs principales préoccupations et les intégrer dans les débats politiques.

Dans le même temps, la CES et la RKZ soulignent toutes deux que dans la discussion sur les questions sociales et ecclésiales controversées, tant la décence que le respect mutuel nécessaires doivent toujours être maintenus.

Le comité de kath.ch prend sa défense

Le comité du Centre catholique des médias, qui chapeaute kath.ch, défend le «recours historique» à l’Holocauste, estimant la référence historique utilisée par le rédacteur en chef est «techniquement correcte», en citant l’historien suisse Jakob Tanner.

Mais le comité, présidé par Odilo Noti, admet que faire recours à ce moment de l’histoire était «malheureux et maladroit» alors que le débat sur la votation était surchauffé. Et d’estimer que cela a fourni aux opposants politiques et médiatiques de l’initiative une raison bienvenue de s’indigner contre l’auteur et donc contre les partisans de l’initiative. (cath.ch/be)

Appel à renoncer aux comparaisons avec la Shoah : www.swissjews.ch

Raphaël Rauch est le rédacteur en chef de kath.ch | DR
6 décembre 2020 | 17:41
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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