Japon: Les évêques demandent au gouvernement de sortir du nucléaire

Eviter une nouvelle tragédie de Fukushima

Tokyo, 11 novembre 2011 (Apic) A l’issue de leur assemblée plénière, les évêques catholiques du Japon ont appelé leur gouvernement à fermer sans délai les centrales nucléaires du pays. Le 10 novembre, lors d’une conférence de presse tenue près de la cathédrale Motoderakoji de Sendai, le diocèse le plus touché par la catastrophe de Fukushima, ils ont présenté un document intitulé «Mettre fin à l’énergie nucléaire aujourd’hui: de la nécessité de prendre en compte la catastrophe provoquée par le tragique incident de Fukushima Daiichi».

Le gouvernement japonais semble tergiverser sur l’avenir de l’électricité d’origine nucléaire. Il a toutefois affirmé avoir renoncé à augmenter la part du nucléaire de 30% à 50% d’ici à 2030 dans la production d’électricité tout en autorisant, le 1er novembre dernier, le redémarrage d’une centrale nucléaire dans le Kyushu, indique le 11 novembre l’agence catholique Fides.

Pour leur part, les évêques japonais demandent une mesure définitive. Les cinq évêques présents le 10 novembre devant les journalistes ont brandi un document publié par leur Conférence épiscopale en 2001, dans lequel on peut lire: «De manière à éviter une tragédie, nous devons développer des moyens alternatifs sûrs de produire de l’énergie.» Dans le document publié à Sendai, les évêques expliquent que la tragédie évoquée il y a dix ans «est devenue réalité avec l’incident de Fukushima Daiichi». Ils soulignent que le pays arrive déjà à vivre avec très peu de centrales en fonctionnement. En effet, sur les 54 réacteurs installés, seuls dix sont actuellement en activité et une partie d’entre eux devra prochainement être mis à l’arrêt pour des travaux de maintenance.

Vivre en harmonie avec la nature, selon la sagesse japonaise

Le Japon possède «une culture, une sagesse et une tradition pour lesquelles vivre en harmonie avec la nature» est un élément central, indiquent les évêques. Le shintoïsme et le bouddhisme ont contribué à diffuser dans la société cet état d’esprit, «et dans le christianisme, nous avons également la volonté de vivre avec tempérance». C’est pourquoi, poursuivent les évêques, chacun au Japon est appelé à changer radicalement son style de vie: «Le point essentiel est d’adapter nos comportements, qui sont excessivement dépendants de l’énergie nucléaire. C’est tout le Japon et les Japonais qui doivent repenser leur manière d’être.»

Selon Mgr Kikuchi Isao, évêque de Niigata, qui figurait parmi les cinq évêques ayant présenté à la presse le document épiscopal, «après la catastrophe de Fukushima, une réflexion s’imposait. Nous demandons à nos concitoyens de changer et de simplifier leur style de vie. Aujourd’hui, la majorité de la population partage les craintes concernant les effets négatifs du nucléaire. D’autres pensent que changer la vie d’un pays dans son ensemble est impossible et que l’on ne peut donc pas arrêter les centrales. Nous avons discuté de cela entre nous, évêques. Peut-être recevrons-nous des critiques mais la réalité est que le bien le plus grand est la protection de la vie et la sauvegarde de la Création.»

Dans un entretien accordé à Fides, il conclut en ces termes: «Nous demandons au gouvernement d’investir davantage dans les nouvelles sources d’énergie comme l’énergie solaire. Notre document ne se veut pas politique mais plutôt de nature religieuse et sociale. Nous comptons sur le soutien des croyants de toutes les religions.» (apic/fides/bb)

11 novembre 2011 | 09:13
par webmaster@kath.ch
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