Pour les évêques polonais, le «patriotisme chrétien» doit être solidaire, pas égoïste
Pour les évêques polonais, le «patriotisme chrétien» doit être solidaire, pas égoïste. Elaboré par le Conseil pour les questions sociales de la Conférence épiscopale polonaise, le document intitulé «Le patriotisme chrétien» précise que la Pologne a été, est et doit continuer à être en Europe et dans le monde «symbole de solidarité, d’ouverture et d’accueil».
Cette mise au point survient alors que de nombreuses agressions à l’égard de personnes de confession musulmane, pourtant peu nombreuses dans le pays, ont été commises ces derniers mois, notamment dans les villes de Lublin et d’Elk.
Emeutes antimusulmanes en Pologne
Dans cette ville de 60’000 habitants située dans le nord de la Pologne, une émeute avait rassemblé plusieurs centaines de personnes le 1er janvier dernier devant un restaurant kebab, suite au meurtre d’un jeune Polonais de 21 ans. Les émeutiers, criant des slogans nationalistes, après avoir brisé la vitrine du restaurant, ont saccagé l’établissement. Quelques jours auparavant, dans la ville de Lublin, des inconnus avaient dessiné des graffitis antimusulmans devant le café «Superkebab», appartenant à des Indiens.
Les évêques polonais rappellent, dans ce texte présenté vendredi 28 avril 2017 à Varsovie par Mgr Stanislaw Gadecki, président de la Conférence épiscopale, et par Mgr Artur Mizinski, secrétaire général, que le patriotisme chrétien doit être solidaire et respectueux des autres cultures et des autres convictions religieuses, rapporte l’agence de presse catholique italienne SIR.
Renaissance «positive» des attitudes patriotiques
Remarquant une renaissance «positive» des attitudes patriotiques dans le pays, ils observent cependant que «dans le même temps peuvent émerger des positions opposées, générées par l’égoïsme individuel et national, qui se ferme face aux autres communautés nationales et à l’entière communauté humaine».
«L’amour de la patrie est la concrétisation du précepte universel de l’amour de Dieu et de l’homme», précisent-ils, en évoquant la tolérance culturelle et religieuse qui pendant des siècles a caractérisé la Pologne, et qui est aujourd’hui «bien perceptible au Monte Cassino», en Italie. Ce fut le lieu d’une importante bataille de la Seconde guerre mondiale, où au cimetière polonais gisent ensemble les corps de catholiques, orthodoxes, musulmans, juifs et agnostiques. «En Pologne, écrivent les évêques, nous avons besoin d’un patriotisme ouvert à la collaboration solidaire avec les autres peuples, basé sur le respect des autres cultures», rapporte pour sa part Radio Vatican. (cath.ch/radvat/sir/be)