La ville de Marawi, sur l’île philippine de Mindanao (Photo: flickr/arcibaldo/CC BY-NC 2.0)
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Les évêques des Philippines contestent la prolongation de la loi martiale à Mindanao

Les évêques catholiques des Philippines contestent la prolongation de la loi martiale sur l’île de Midanao demandée par le président Duterte pour faire face aux violences des islamistes. L’Eglise doute de l’efficacité de cette mesure pour ramener la paix à Marawi et craint les abus.

Le président philippin Rodrigo Duterte a demandé au Congrès, qui se réunira le 22 juillet 2017, de prolonger la loi martiale jusqu’à la fin de l’année. Depuis le 23 mai, Marawi, ville du sud des Philippines, est le théâtre de violents affrontements armés entre les combattants du groupe Maute, ralliés à Daech, et l’armée gouvernementale, qui peine à reprendre le contrôle complet de la ville. Le président avait instauré la loi martiale sur toute l’île de Mindanao, pour une durée de deux mois, au-delà de laquelle l’approbation du Congrès est indispensable

Selon les sondages d’opinion, la déclaration de cette mesure d’exception, sur toute l’île de Mindanao, deuxième île du pays peuplée de près de 20 millions d’habitants, bénéficie d’un large soutien populaire,

La loi martiale, une mesure nécessairement temporaire

En mai, les évêques de Mindanao avaient apporté un soutien mesuré à la décision du président de la République. Ils avaient insisté sur le caractère nécessairement temporaire de cette mesure et assuré qu’ils n’hésiteraient pas à condamner tout abus.

La Conférence épiscopale des Philippines (CBCP) a publié le 10 juillet une déclaration dans laquelle elle condamne fermement le terrorisme, comme l’ont fait les responsables musulmans de Mindano, et encourage au dialogue intra- et inter-religieux. Mais la Conférence fait part de ses doutes sur l’efficacité de la loi martiale et de sa prolongation pour ramener la paix et la normalité à Marawi.

La prolongation de la loi martiale, une mesure inutile

Mgr Edwin de la Pena, évêque de la prélature territoriale de Marawi, qui soutenait la mise en place de la loi martiale, s’oppose désormais, fermement, à son extension. «Avec toutes les ressources à sa disposition, le gouvernement peut faire face à la crise maintenant, même sans prolonger la loi martiale.»

Selon le Philippine Daily Inquirer, depuis le début des combats, 553 victimes sont à déplorer : 45 civils, 97 militaires, 411 rebelles. Et les 200’000 habitants de Marawi ont fuit la ville et ses environs. Une soixantaine seulement de combattants islamistes feraient désormais face aux forces armées et retiendraient encore des otages, dont le P. Teresito ›Chito’ Soganub, vicaire général de Marawi, enlevé le 23 mai. (cath.ch/eda/mp)

La ville de Marawi, sur l’île philippine de Mindanao
20 juillet 2017 | 11:05
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Daech (159), Etat d'urgence (2), Mindanao (7), musulmans (183), Philippines (157)
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