Etre marié, une «solution» pour deux prêtres vaudois
Les deux prêtres vaudois Naseem Asmaroo et Philippe Baudet expriment, dans le journal La Région, leur soutien à l’idée de prêtres mariés. Il pourrait s’agir, selon eux, d’une partie de la solution au manque de prêtres dans plusieurs endroits du monde.
Le débat sur le célibat obligatoire des prêtres de rite latin fait rage actuellement dans l’Eglise catholique. Alors que le pape François pourrait prochainement décider, suite au synode sur l’Amazonie d’octobre 2019, de permettre à des hommes mariés l’accès à la prêtrise, le cardinal Robert Sarah, préfet pour le culte divin et la discipline des sacrements, vient de publier un livre polémique s’opposant à cette idée.
Prêtre bi-rituel et marié
Si le clergé mondial est divisé sur la question, deux prêtres vaudois s’expriment, dans La Région du 16 janvier 2020 édité à Yverdon-les-Bains, clairement en faveur de prêtres mariés. L’un d’eux parle en connaissance de cause puisqu’il est effectivement marié. Il s’agit de Naseem Asmaroo, originaire d’Irak et autorisé à célébrer la messe selon le rite chaldéen (oriental) ou latin. La discipline du célibat n’est en effet en vigueur que dans ce dernier rite de l’Eglise catholique, qui regroupe, il est vrai, la très grande majorité du clergé mondial. Le jeune Irakien établi à Yvonand (VD) a été ordonné prêtre pour l’Eglise chaldéenne catholique en novembre 2017 pour s’occuper de la mission chaldéenne en Suisse.
«Personne ne peut prouver que seul un célibataire peut se donner totalement au seigneur»
«Je viens d’un monde où l’idée selon laquelle il y aurait une meilleure manière de servir le Seigneur, entre le célibat ou le mariage, n’existe pas», assure ainsi Naseem Asmaroo. «Personne ne peut prouver que seul un célibataire peut se donner totalement au seigneur. Seul Dieu sait», ajoute le prêtre chaldéen.
Une idée également soutenue dans le journal du Nord-vaudois par Philippe Baudet, curé modérateur de l’Unité pastorale Chasseron-Lac, dans laquelle officie Naseem Asmaroo. S’il précise bien qu’il parle en son nom propre, sans prétendre dire à l’Église ce qu’elle devrait faire, il ne cache pas qu’il est totalement favorable à l’accès à la prêtrise pour les hommes mariés. «Le débat se focalise sur l’Amazonie, mais il y a déjà des régions dans le centre de la France où les gens ne peuvent participer qu’à une seule messe par mois quand tout va bien, souligne l’abbé Baudet. Il ne faut pas se faire d’illusion, ce sera la même chose ici dans 20 ou 30 ans.» Et le prêtre de poser la question des priorités: «Qu’est-ce qui compte le plus: la possibilité de nourrir le peuple de Dieu ou la discipline du célibat? Ce n’est pas la solution à tous les problèmes de l’Église, mais c’en est une.»
«L’an dernier, un livre est sorti sur le témoignage de six prêtres romands, dont trois ont dû quitter le sacerdoce pour le mariage, renchérit l’abbé Asmaroo. C’est une réalité qu’il ne faut pas négliger. De nombreuses personnes ne peuvent pas s’engager au service de l’Église à cause de cet enjeu.»
Ouverts aux femmes prêtres
Les deux abbés du Nord-vaudois sont également ouverts à l’idée de femmes prêtres. «Pourquoi pas», avance Philippe Baudet, même s’il estime que l’Eglise n’est pas encore mûre. L’accès au sacerdoce pour les femmes ne pose aucun problème à Naseem Asmaroo. «Dans le Nouveau Testament, on voit de nombreuses femmes qui ont été choisies, par l’apôtre Paul notamment, pour servir la communauté. Et actuellement, en Suisse alémanique, on voit déjà des assemblées où des femmes célèbrent presque tous les sacrements à part la consécration», fait-il valoir. (cath.ch/laregion/rz)