Tchad: La Conférence épiscopale dénonce les tares de la société
Ethnocentrisme, népotisme et favoritisme
N’Djaména, 26 février 2013 (Apic) «Notre pays ne souffre-t-il pas d’ethnocentrisme, de népotisme et de favoritisme?», demandent les évêques catholiques du Tchad. La Conférence épiscopale du Tchad (CET) a présenté le 23 février 2013 un document intitulé «les défis du prochain cinquantenaire». Elle dénonce la progression du matérialisme et appelle les acteurs étatiques à s’engager avec l’Eglise pour un développement durable du pays.
Le document de la CET appelle directement le président Idriss Deby Itno à lutter davantage contre la corruption, à mieux éduquer les générations futures, mieux distribuer les richesses du pays, et à travailler à l’émergence d’une «vraie nation tchadienne».
Tout en réclamant plus de respect des droits de l’homme, moins de corruption et d’injustices, le document dénonce «le matérialisme de plus en plus marqué et l’absence de valeurs» de la société tchadienne. Le texte de réflexion porte sur cinq points: les droits de l’homme, de l’indépendance du pays à ce jour, les difficultés de l’éducation, le rôle de la femme, le système éducatif et la gestion des ressources naturelles, notamment le développement rural et foncier.
Selon le site d’information tchadien «cefod.org», l’Eglise catholique du pays s’engage à soutenir l’Etat, les acteurs non étatiques et les autres partenaires dans la construction du pays pour les 50 prochaines années. «La dignité, le droit et la justice» sont des conditions sine qua non pour un vrai développement durable, précisent les évêques.
Accès aux service sociaux de base
Le document expose la vision de l’Eglise pour le Tchad dans les 50 ans à venir. Elle s’engage à poursuivre, dans la mesure de ses moyens, ses actions en faveur de toutes les communautés, afin que «chacun ait accès de manière équitable aux services sociaux essentiels de base».
Les évêques affirment leur conviction selon laquelle «le vrai développement, et donc le bonheur de l’Homme, ne sont pas d’abord une question d’argent et de réalisations matérielles, mais de promotion de valeurs morales et spirituelles».
La CET rappelle que les fondations internationales et les Nations-Unies classent le Tchad parmi les derniers pays au monde en ce qui concerne la bonne gestion, la qualité des services et le développement humain.
L’Eglise pas impressionnée par le pouvoir
Pour le président de la CET Mgr Jean-Claude Bouchard, interrogé par Radio France internationale (RFI), «ce n’est pas la récente expulsion de l’évêque de Doba, Mgr Michel Russo qui va empêcher à l’Eglise catholique, de dire ce qu’elle pense». Le prélat a estimé qu’il y avait suffisamment de liberté de parole au Tchad pour exprimer ses opinions. «Mais tout dépend de la façon dont on le fait».
En octobre dernier, le gouvernement tchadien avait expulsé Mgr Russo du pays. Les autorités l’accusaient de s’être s’être «adonné à des activités incompatibles avec son statut». En cause, un sermon du 30 septembre 2012, dans lequel il fustigeait la «mauvaise distribution» des revenus du pétrole. Fin décembre le gouvernement tchadien a annulé la mesure d’expulsion de Mgr Russo. Depuis, le prêtre italien est revenu dans sa paroisse où il travaille depuis 30 ans. (apic/ibc/rz)