Ethiopie: violences contre les chrétiens orthodoxes
Les chrétiens orthodoxes d’Ethiopie sont vivement inquiets pour leur sécurité, en raison de nombreux actes de violences visant leur communauté depuis l’été 2018. Des dizaines d’églises ont été incendiées, des prêtres et des fidèles tués.
D’après Radio France international (RFI), plusieurs prêtres de la communauté orthodoxe ont été tués, des familles déplacées de force et une trentaine d’églises incendiées, dans divers lieux d’Ethiopie, depuis juillet 2018. Une centaine de fidèles à travers le pays seraient également morts dans ces violences.
Dans certaines régions, comme celle d’Amhara, au nord, des chrétiens ont manifesté dans les rues pour réclamer une protection renforcée de leurs lieux de culte, et des actions concrètes contre les assaillants, dont on ignore pour l’instant l’identité.
L’Eglise orthodoxe d’Ethiopie est traversée par une rivalité entre les ethnies Amhara et Oromo. Les derniers dénoncent leur marginalisation, notamment lors de la liturgie. Face à cette situation, le patriarche Abune Mathias, l’un des deux dirigeants de l’Eglise, a mis en garde contre le fait que les divisions peuvent détruire la communauté.
Division et réunification
Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’Eglise orthodoxe d’Ethiopie faisait partie de l’Eglise copte orthodoxe d’Egypte. Mais en 1959, les Ethiopiens ont décidé de nommer leur propre patriarche. Le premier a été Abune Merkorios. Il a été contraint d’abdiquer en 1991, après le renversement du régime communiste de Mengistu Haile Mariam par le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF). Il était accusé d’être trop étroitement lié au régime déchu. Il s’est alors exilé aux Etats-Unis où il a créé une Eglise dissidente. L’Eglise orthodoxe d’Ethiopie non-exilée a alors nommé ses propres patriarches à partir de 1992. Abune Mathias est devenu le chef de cette communauté en 2013.
En août 2018, un accord de réunification des deux Eglises a été signé. Abune Merkorios, après 27 ans d’exil, a repris sa place de chef spirituel, mais Abune Mathias a conservé son titre de patriarche, chargé du domaine de l’administration.
On ne sait pas si les dernières violences sont liées à ces développements.
L’Eglise orthodoxe éthiopienne regroupe 43,5% des 106 millions d’habitants que compte l’Ethiopie. Fondée au IVe siècle, elle est l’une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde. Elle dispose d’un riche patrimoine historique, notamment les églises rupestres de Lalibela, dans les hauts plateaux du nord. (cath.ch/ibc/rz)