Ethiopie: les églises de Lalibela menacées par le conflit du Tigré
L’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) s’est déclarée «profondément préoccupée» par l’extension du conflit du Tigré, nord de l’Ethiopie, à la ville de Lalibela où se trouvent les onze églises troglodytes du XIIIe siècle classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Depuis novembre 2020, des affrontements opposent les soldats gouvernementaux aux rebelles du Front de libération du peuple tigréen, en lutte pour l’indépendance de cette province. Face à l’intensité des combats, la Conférence des évêques catholiques d’Ethiopie (CBCE) a lancé un appel à un cessez-le-feu le 21 juillet dernier.
Dans un communiqué publié le 11 août dernier, l’UNESCO a exhorté les forces gouvernementales et les rebelles à assurer la protection de «la valeur universelle exceptionnelle et de l’héritage de ce site précieux» de Lalibela.
L’agence onusienne a ainsi demandé aux belligérants de s’abstenir de tout acte «qui pourrait l’exposer le site à des dommages, en prenant toutes les précautions nécessaires pour empêcher toute tentative de pillage et de saccage des biens culturels situés dans la région».
Des églises troglodytes
Haut lieu du christianisme éthiopien, Les onze églises troglodytes monolithiques médiévales datant du XIIIe siècle, sont situées dans une région montagneuse au cœur de l’Ethiopie, près de Lalibela.
Les édifices religieux sont creusés sous le niveau du sol, dans la roche sur plusieurs dizaines de mètres de profondeur et d’un seul bloc. Ils sont complétés par un vaste système de fossés de drainage, de tranchées et de passages cérémoniels. Certains de ces passages comportent des ouvertures vers des grottes d’ermites et des catacombes. Le site est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1978.
La construction des églises est attribuée au roi Lalibela, qui avait entrepris de bâtir, au XIIe siècle, une «Nouvelle Jérusalem», après les conquêtes musulmanes ayant mis fin aux pèlerinages chrétiens, en Terre sainte.
Eglises en très mauvais état
Le conflit n’est pas la seule préoccupation de l’UNESCO. L’institution déplore aussi l’état passablement dégradé des édifices, notamment «les peintures à l’intérieur des églises gravement dégradées au cours des trente dernières années. Les sculptures et les bas-reliefs gravement endommagés, leurs caractéristiques originales étant à peine reconnaissables». L’UNESCO pointe aussi pour certaines églises «un risque imminent d’effondrement possible». (cath.ch/ibc/bh)