Éthiopie: appel des chefs religieux à la paix et à l’unité
A l’occasion de la célébration de leur nouvelle année 2017, les chefs des Église orthodoxe, catholique et évangélique d’Éthiopie, ainsi que celui des musulmans du pays, ont lancé des appels à «l’unité et la paix» dans le pays. Des vœux qui résonnent particulièrement, dans ce pays encore traversé par la guerre il y a deux ans à peine.
Le Nouvel An éthiopien débute le 11 ou le 12 septembre, selon les années. Appelé aussi Enqoutatash (en amhra, la langue la plus parlée du pays), il est à la fois une célébration laïque et religieuse, fêtée par les Églises orthodoxes d’Éthiopie et d’Érythrée et qui fait référence à la visite biblique de la reine de Saba au roi Salomon à Jérusalem. Pour les Éthiopiens, qui partent aussi d’une année 0 célébrant la naissance du Christ mais calculée différemment de celle du calendrier grégorien, nous sommes en 2017.
Des responsabilités spirituelles et nationales
Cette année, tous les chefs religieux ont lancé un appel à la paix et se sont «engagés à assumer leurs responsabilités spirituelles et nationales», a rapporté l’Agence de presse éthiopienne (ENA= Ehtiopian news agency).
Le patriarche Abune Mathias, de l’Église orthodoxe éthiopienne Tewahedo, archevêque d’Axoum, a invité ses concitoyens à accueillir la nouvelle année avec «une conscience renouvelée». Il les a exhortés à «atteindre de nouveaux sommets, en résolvant les conflits par le dialogue, les différences par l’unité et les désaccords par la réconciliation». «Puisque notre conscience est la source de nos bonnes ou mauvaises actions, nous devons renouveler notre faculté intérieure», a-t-il estimé.
De son côté, le cardinal catholique Abune Berhaneyesus, archevêque d’Addis-Abeba, a mis l’accent sur le changement de mentalité «nécessaire» des Éthiopiens durant cette nouvelle année. Il a prié pour une année de «paix, de progrès, de clémence, de solidarité et de partage».
Le président de la communauté des Églises évangéliques locales, le pasteur Tsadiku Abdo, a formulé le vœu d’une nouvelle année de prières «collectives et d’efforts pour la paix», tant dans les familles que partout dans le pays.
Enfin, le président du Conseil suprême des affaires islamiques, le cheikh Haji Ibrahim Tufa, a plaidé en faveur du renforcement de la cohabitation pacifique interreligieuse et intercommunautaire en Éthiopie, tout en saluant le modèle national de coexistence louable entre adeptes des diverses religions.
La guerre civile au Tigré
L’Éthiopie a été marquée, entre novembre 2020 et novembre 2022, par une guerre civile au Tigré, dans le nord. Le conflit, qui avait pour but l’indépendance de la province, aurait fait plus de 600’000 morts, civils, combattants de l’armée nationale et rebelles du Front de libération du peuple du Tigré, allié au Front de libération oromo, confondus. Ce qui fait de ce conflit l’un des plus dévastateur du 21e siècle.
D’un point de vue du patrimoine religieux, la guerre a fortement dégradé les onze églises rupestres pluricentenaires de Lalibela, considérées comme la huitième merveille du monde, menaçant leur existence. Les lieux se dégradent, avec de profondes fissures des murs, à l’intérieur et à l’extérieur, ainsi qu’au plafond, par lesquelles pénètrent les eaux de pluies. (cath.ch/ibc)