Etats-Unis: les catholiques restent divisés entre Trump et Biden
A la veille de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre 2020, les catholiques restent divisés entre les partisans de Trump et ceux de Biden. Selon un sondage du Pew Research Center du 19 octobre 52% des électeurs catholiques voteraient pour le démocrate et 40% pour le républicain. Si l’écart se creuse désormais en faveur de Biden, la tension reste vive.
«Nous voyons que les catholiques sont divisés comme les deux femmes qui se disputent le même bébé, dans l’histoire biblique du roi Salomon», a imagé Emma Green, journaliste pour le magazine The Atlantic s’exprimant lors d’un débat à Washington dont Catholic News Service se fait l’écho.
Comme depuis le début de la campagne présidentielle les arguments des uns et des autres s’attachent plus à dénigrer l’adversaire qu’à soutenir son favori. Si quelque chose caractérise cette élection, c’est le fait de voter pour un candidat par peur de ce que son adversaire ou son parti pourrait faire, note Emma Green.
L’opposition de Trump à l’avortement pèse lourd
Les pro-Trump insitent surtout sur son opposition à l’avortement. Ils craignent qu’une administration Biden affaiblisse encore la protection juridique des enfants à naître et la liberté des communautés ou des personnes qui s’opposent à l’avortement. Ils déplorent aussi que Biden, bien que catholique, ne s’oppose pas à l’IVG.
Selon eux, Trump a en outre entendu une partie de la population des États-Unis qui se sentait très marginalisée et avait été traitée de stupide et de lamentable. Il a puisé dans la colère et la souffrance des citoyens américains, des cols bleus essayant de faire de leur mieux, et qui ne veulent pas que le gouvernement s’immisce dans leur vie.
Un homme opposé à tout ce qui est humain et chrétien
En face les pro-Biden estiment ne pas pouvoir voter pour un homme qui est à l’opposé de tout ce qui est humain et chrétien. En promouvant le racisme implicitement et explicitement, en rétablissant la peine de mort fédérale, en enlevant les soins de santé de base à des millions de personnes, en ignorant les conseils des scientifiques sur la pandémie du coronavirus, Donald Trump a laissé tombé la nation américaine et le monde catholique.
La politique s’est infiltrée dans l’Eglise
Pour Emma Green, il est intéressant de voir comment des opinions si divergentes peuvent peut exister au sein d’une seule Eglise catholique, dont les fidèles partagent la même foi. Mais ce débat montre aussi comment la politique s’est infiltrée dans la vie de l’Eglise, comme dans tant d’autres institutions, et comment les gens ont été façonnés plus par une identité politique que religieuse. «Les catholiques sont plus républicains ou démocrates qu’ils ne sont catholiques», ajoute Emma Green.
Avec les insultes, les brimades et les dénonciations sur les médias sociaux, y compris par certains responsables religieux, l’initiative de ce débat visait à permettre aux catholiques ayant des points de vue différents de s’exprimer dans une conversation inhabituelle par son absence de rancœur.»Nous pensons que personne ne devrait être exclu de notre famille catholique pour sa façon de se former et de suivre sa conscience sur la façon de voter», ont déclaré les organisateurs.
Un électorat catholique mouvant
L’électorat catholique n’est pas figé, analyse Emma Green. «Dans les trois quarts des élections présidentielles des 50 dernières années, les catholiques se sont rangés du côté du vainqueur. Vous pouvez donc comprendre pourquoi les candidats à la présidence sont si désireux de recruter des électeurs catholiques pour leur cause».
Les catholiques américains, qui sont passés de républicains à démocrates et vice-versa lors des dernières élections, ont été en quelque sorte des indicateurs. Cette fois-ci la population latino émergente de l’Eglise, semble faire une différence en attirant le groupe vers Biden. (cath.ch/cns/mp)