Etats-Unis: La mention de Dieu dans le serment d’allégeance interdite dans les écoles

Jugement «ridicule», pour G. W. Bush

San Francisco, 27 juin 2002 (APIC) Une cour fédérale d’appel américaine a décrété mercredi 26 juin que la mention de Dieu dans le serment d’allégeance prononcé chaque jour par les élèves dans les écoles publiques est un «aval de la religion» par le gouvernement qui doit être déclaré inconstitutionnel. Ce jugement d’un tribunal de San Francisco relance le vieux débat aux Etats-Unis sur la séparation entre la religion et l’Etat.

Saisie par un parent d’élève athée, la cour d’appel considère que la référence à «une nation sous Dieu» constitue de fait une «profession de foi». Elle viole ainsi la Constitution des Etats-Unis, qui reconnaît la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Tous les matins, des millions d’élèves des écoles publiques récitent, en arrivant en classe, le serment d’allégeance, la main sur le coeur, au pied de la bannière étoilée. Les élèves déclament avec leur maître ce serment: «Je prête serment au drapeau des Etats-Unis d’Amérique et à la République qu’il représente, une nation sous Dieu, indivisible, avec liberté et justice pour tous».

La mention «sous Dieu» (under God) rajoutée au serment par le Congrès en 1954 a été qualifiée d’»inconstitutionnelle» par la cour d’appel. S’il n’est pas attaqué, le jugement devra être appliqué dans les 9 Etats couverts par cette cour d’appel. Les gouvernements des Etats concernés (Alaska, Arizona, Californie, Hawaii, Idaho, Montana, Nevada, Oregon et Washington) et le gouvernement fédéral, ainsi que les autorités scolaires locales ont la possibilité de faire appel de ce jugement devant l’instance d’appel supérieure ou directement à la Cour suprême des Etats-Unis. Le sénat américain, très fâché par ce jugement, a adopté la résolution 99-0 «exprimant le soutien au serment d’allégeance», un serment au drapeau des Etats-Unis d’Amérique américain, à la République et à la nation, placés «sous Dieu».

La classe politique défend le serment d’allégeance

Mercredi soir, plus d’une centaine de parlementaires, la plupart du parti républicain, se sont rassemblés sur les escaliers du Capitole pour réciter le serment d’allégeance. Le porte-parole de la Maison Blanche, Ari Fleischer, a déclaré que le président Bush considère la décision de la cour comme «ridicule.» «La Maison Blanche estime que c’est une fausse décision, et le Département de la Justice évalue actuellement les moyens de la rectifier».

La cour d’appel de San Francisco estime que l’aval de la religion par le gouvernement n’est pas permis car il envoie un message clair aux non croyants et aux membres de religions non monothéistes et se situant hors de la mouvance judéo-chrétienne: «ceux-ci sont des outsiders, pas des membres de plein droit de la communauté politique», contrairement aux adhérents des religions qui comprennent être des «insiders», des membres favorisés de la communauté politique.»

Selon des jugements récents de la Cour suprême américaine, les étudiants ne peuvent faire des invocations religieuses parce que cela viole la Constitution des Etats-Unis. Le président George W. Bush, qui ne cache pas sa foi religieuse et mentionne Dieu presque quotidiennement pour justifier sa politique, a qualifié de «ridicule» la décision de la cour d’appel. Son administration va tout faire pour casser la décision, peut- être devant la Cour suprême. (apic/cnn/be)

27 juin 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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