Etats-Unis: Controverse autour du film «Battlefield Earth»
En lien avec la scientologie? Mauvais film disent les critiques
Los Angeles, 19 mai 2000 (APIC) Simple film de science-fiction ou entreprise d’endoctrinement? Le film «Battlefield Earth», qui vient de sortir sur les écrans aux Etats-Unis, est au centre d’une grande controverse en raison de ses liens cachés avec l’Eglise de scientologie, rapporte l’Agence France presse.
Sur le papier, la production des studios Warner Bros semble une saga de science-fiction presque anodine.
En l’an 3000, une sinistre race d’êtres géants venus d’une autre planète, les Psychlos, a colonisé la terre et réduit l’espèce humaine à l’esclavage. Les cheveux tressés, des tubes dans les narines et des sortes d’électrodes sur les tempes, Terl (John Travolta), est le chef de la sécurité, cruel et implacable.
Menant la révolte contre les Psychlos, un jeune chasseur d’une tribu humaine réfugiée dans les Rocheuses, Johnny Goodboy Tyler, tente de sauver l’humanité de l’extermination.
Le scénario n’aurait guère attiré l’attention s’il n’était tiré du roman-fleuve publié en 1982 par le fondateur de l’Eglise de scientologie, Ron Hubbard, et si son interprète principal, John Travolta, n’était pas lui-même un adepte scientologue de premier plan.
Sur le site Internet officiel du film, un portrait élégiaque décrit Ron Hubbard comme un auteur de science-fiction, «écrivain, artiste, explorateur et philosophe», sorte d’Indiana Jones des temps modernes. A aucun moment, il n’est fait mention de l’Eglise de scientologie, fondée en 1954.
Sur Internet justement, le film suscite une immense littérature, souvent critique. Ainsi, FACTNet, qui se présente comme un groupe anti-sectes, affirme notamment que le film «contiendrait des images subliminales» et qu’il constitue un «appât», une crypto-vitrine de recrutement.
«Ces allégations sont ridicules. Le film n’a rien à voir avec la scientologie», déclare Mike Rinder, un porte-parole de l’Eglise, basée à Los Angeles. «C’est juste de la propagande idiote», s’emporte le réalisateur Roger Christian. «Si un producteur juif embauche un scénariste juif et un réalisateur juif, est-ce que cela signifie que l’on va recevoir des messages secrets qui vont nous convertir au judaïsme?», lance-t-il.
Tournée de promotion de Travolta
«Battlefield Earth», résume la revue «Entertainment Weekly», est devenu le «film le plus controversé de l’été». Quant à John Travolta, il s’est lancé dans une tournée de promotion dans quinze grandes villes des Etats-Unis, dédicaçant à tour de bras le livre de Ron Hubbard à un public ravi. Car «Battlefield Earth» est l’enfant chéri de l’acteur: il a mis 15 ans à monter le projet qu’il a lui-même co-produit, acceptant même de réduire son cachet, de 25 à 16 millions de dollars.
«John Travolta fait office de chargé de relations publiques honoraire pour l’Eglise de scientologie», souligne le sociologue Stephen Kent, un expert des nouvelles religions à l’Université d’Alberta, à Edmonton (Canada). La religion «n’est pas un facteur», se défend l’acteur. «Dans la préface du livre, Ron Hubbard dit clairement qu’il ne s’agit pas de philosophie mais d’un pur divertissement de science-fiction», déclarait-il récemment sur la chaîne CNN. «La vérité, c’est que j’ai fait le film parce que c’est une belle science-fiction. Je prends beaucoup d’intérêt à la scientologie mais c’est personnel. Ce film, c’est différent. Cela n’a rien à voir avec la scientologie», ajoutait-il dans un entretien…
Les critiques de cinéma ont éreinté le film, son esthétique boursouflée et ses invraisemblances de scénario, où l’on voit par exemple de pauvres humains passer en une demi-heure de l’âge de pierre au pilotage d’avions de chasse Harrier à décollage vertical. «Oublions même la controverse à propos de la scientologie», écrit le critique du Washington Post. «C’est tout simplement un mauvais film». (apic/afp/pr)